Dans le cadre du plan « France 2030 », le gouvernement a identifié les grands axes majeurs de souveraineté industrielle pour rester à niveau dans la course technologique mondiale.
J'en identifie deux qui nous concernent directement. Le nouveau nucléaire est lié à la question des batteries. Arkema fait ainsi la course en tête sur certains composants de batteries. Concernant les comparaisons européennes, la politique industrielle de l'Allemagne a toujours été tirée par l'automobile. La politique de batteries allemande détermine désormais la politique industrielle allemande. Cette dimension doit être prise en compte dans les arbitrages franco-allemands qui adviendront, car l'Allemagne fera tout son possible pour réussir cette révolution industrielle automobile. L'Allemagne a une position dominante en technologies et en innovations et entend bien gagner ce changement de cap majeur que doit effectuer l'industrie automobile mondiale. Des moyens considérables ont été mis en œuvre sur toute la chaîne batterie et automobile allemande. Toute sa politique industrielle sera déterminée par cet objectif : elle s'opposera à tout ce qui pourra entraver la conversion de son industrie automobile et s'assurera qu'elle en sortira gagnante au niveau mondial. C'est à cet aune qu'elle lit le MACF : si elle y voit un problème pour son industrie automobile, elle le bloquera ou se satisfera d'un succès de façade.
Il y a des aspects très positifs dans le plan « France 2030 » : la massification est nécessaire sur les grands projets car il faut tenir compte des effets d'entraînement et des effets de diffusion. Un thème retenu important est celui de la « décarbonation », doté d'environ 7 milliards d'euros, par exemple avec la conversion des hauts fourneaux d'Arcelor-Mittal à Dunkerque et Fos-sur-Mer où le charbon à coke est remplacé par de l'hydrogène pour un investissement d'environ 800 millions d'euros. L'enjeu carbone y est énorme puisque l'on réduira en une fois toutes les émissions d'un haut fourneau. Le plan « France 2030 » est donc bienvenu. Toutefois, les négociations devront être fines puisque la direction générale de la concurrence de la Commission européenne n'apprécie pas beaucoup les soutiens à des projets industriels.
Concernant le post-nucléaire, je ne suis pas spécialiste des sujets nucléaires. L'objectif des petits réacteurs modulaires ou small modular reactors (SMR) manque de clarté. J'ai récemment relu les auditions du président d'EDF au Sénat. Il soulignait que les SMR n'avaient aucun sens dans le contexte français. Cela peut néanmoins avoir du sens si cette politique ne vise qu'à maintenir à niveau la capacité en recherche et développement sur le nucléaire sur le territoire. Je comprends que cet outil sera destiné à l'exportation, car la configuration du réseau en France et ses besoins ne justifient pas de multiplier le risque nucléaire sur le territoire.
Le gros sujet est celui des nouveaux EPR. Il faut capitaliser sur les retours d'expérience des nouveaux EPR. Les nouvelles technologies sur les réacteurs ne produiront sans doute pas d'effets concrets avant 2040 ou 2050.