Intervention de Philippe d'Ornano

Réunion du jeudi 28 octobre 2021 à 9h30
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Philippe d'Ornano, président du directoire de Sisley, coprésident du METI :

Il existe aujourd'hui une très forte production monétaire et les financements des entreprises sont beaucoup plus importants qu'ils ne l'étaient il y a dix ou quinze ans. La première source de financement d'une entreprise, qui lui permet de conserver un actionnariat et de porter son projet à long terme sans envisager une sortie de capital ou une vente qui la contraindrait à mener des politiques de court terme, est bien l'autofinancement. Lors de la création de Sisley, nous n'avons pas distribué de dividendes pendant vingt ans, afin de pouvoir autofinancer notre entreprise, pour conserver notre capital et donc porter notre projet sur le long terme. Cela peut par exemple supposer d'investir vingt ans à perte dans une filiale à l'étranger afin de pouvoir lancer cette dernière, pour aboutir à moyen terme au développement d'une entreprise moyenne à grande, puissante et compétitive sur le plan mondial.

On constate c'est vrai une véritable problématique de variabilité des règles fiscales. Pour les entreprises qui produisent en France tout en se développant à l'international, on observe également une instabilité des règles sur les prix de transfert. Si ces derniers sont en permanence remis en cause par l'administration fiscale, les entreprises vont avoir tendance à délocaliser leurs centres de production pour contourner le problème. On constate en France une grande variabilité non seulement des règles, mais aussi de l'application des règles en la matière. C'est un vrai sujet !

La désindustrialisation est un facteur qui peut diminuer l'impact de la recherche française. En effet, les entreprises qui se portent bien vont développer la recherche tandis que d'autres vont disparaître, ce qui va entraîner avec elle la recherche dans leur domaine. Quant aux grandes entreprises, la compétitivité de l'environnement français, mais aussi parfois le développement dans d'autres zones du monde, peut favoriser le développement de pôles de recherche dans d'autres pays pour faire face à d'autres besoins. Par exemple, en cosmétique, l'un des grands champs de développement se trouve en Asie. Il est donc évident que, sur une partie de la recherche, l'adaptation à la clientèle asiatique peut permettre aux groupes français de rester compétitifs. L'activité de recherche est liée à la présence de l'activité industrielle en France. Plus on perd de savoir-faire, moins la recherche sera développée sur notre territoire.

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