Pour ma part, je suis directeur général de Polepharma. Je vous remercie vivement pour votre invitation, car la question industrielle est au cœur de notre cluster.
Polepharma est une organisation professionnelle, de type cluster, née en 2002, implantée historiquement dans les trois régions que vous avez citées, qui constitue le premier bassin de production pharmaceutique en Europe et 53 % de la production de médicaments en France. Pour comparaison, sachez que la seconde place est détenue par le bassin lyonnais avec 17 % de la production médicamenteuse nationale. Notre cluster a également une dimension nationale, avec 20 % de nos adhérents dans d'autres régions de France. Il se développe aussi en Nouvelle-Aquitaine (représentant 6 % des emplois pharmaceutiques français) par l'absorption d'une autre organisation professionnelle. Au total, Polepharma représentera 60 % de la production française de médicaments et 75 usines.
Notre cluster ne s'occupe pas que de médicaments chimiques traditionnels, mais également de biomédicaments, puisqu'il regroupe la moitié de la bioproduction française. Polepharma s'inscrit dans une logique de filière, avec seulement les laboratoires pharmaceutiques producteurs situés en France, qu'ils soient français ou étrangers, de toutes tailles. Notre légitimité tient au fait que nous concentrons 90 % des usines des régions suscitées – ce qui justifie également la dévolution de la présidence à Sanofi. Nous consolidons l'ensemble de la filière, de tous types d'acteurs et d'entreprises, du développement de la recherche à la distribution, en passant par les fabricants de machines, l'ingénierie, le transport et la chimie, ainsi que la formation. Nous agissons dans une logique d'écosystème, avec une équipe d'une vingtaine de permanents, répartis entre Chartres, Louviers, Tours, Paris et Bordeaux. Notre budget s'élève à 2,5 millions d'euros, issus à 70 % du secteur privé. Cela nous classe parmi les organisations bien dotées.
Nous favorisons la coopération entre nos membres pour leur conférer des avantages compétitifs dans les domaines liés aux opérations industrielles (usine du futur, bioproduction, intelligence artificielle appliquée à l'industrie, chaînes d'approvisionnement), au respect des exigences réglementaires – qui sont prégnantes dans notre secteur – et au développement des formations et des compétences, pour recruter et fidéliser nos salariés. Nous travaillons conjointement avec les territoires pour y parvenir. À cet égard, notre financement public provient exclusivement de collectivités territoriales. Nous œuvrons également dans le domaine de l'innovation et dans les affaires publiques. Ainsi, depuis sa création, en 2002, Polepharma milite – et a longtemps été isolé sur ce sujet – pour l'intérêt d'un appareil industriel fort autour des industries pharmaceutiques et biopharmaceutiques et la souveraineté sanitaire. Tous nos laboratoires pharmaceutiques adhérents sont des laboratoires fabriquant en France, quelle que soit leur nationalité. Nous portions déjà ce dernier sujet un an avant la pandémie, lors d'un colloque organisé aux Invalides portant sur la problématique de la délocalisation des principes actifs et de fabrication des médicaments.
La représentativité de Polepharma justifie par ailleurs sa participation à diverses instances, telle que la Fédération française des industries de santé (FEFIS), le Comité stratégique de filière (CSF) – notamment sur les sujets de bioproduction. Nous développons aussi des liens étroits avec les Entreprises du médicament (le Leem) en vue de la future Alliance France Bioproduction, où nous sommes représentés par notre vice-président, Étienne Tichit, directeur général de Novo Nordisk France. Enfin, Polepharma a formulé une quinzaine de propositions auprès du conseil stratégique des industries de santé (CSIS). Par ses missions, sa représentativité, ses méthodes et ses adhérents, Polepharma est un objet unique en France au côté des six pôles de compétitivité, ceci conduisant le Président de la République, Emmanuel Macron, à nous qualifier de « chance pour la France » lors de sa visite de Delpharm à Saint-Rémy-sur-Avre.
Notre combat se nourrit du constat selon lequel la France n'est plus que le quatrième producteur de médicaments en Europe, alors qu'elle en était le premier il y a seulement quinze ans. Cette position de leader a été ravie par l'Italie, qui est ainsi passée de la cinquième à la première place.