Lorsque j'ai commencé dans la sidérurgie en 1981, ce sont les fonds publics qui ont modernisé l'outil de production. Il y avait un manque d'investissement, un manque d'anticipation. Cela n'a pas été sans dégâts, il y a eu beaucoup de fermetures d'installations et de suppressions d'emplois qui ont coûté extrêmement cher à l'État français.
Ensuite, à partir de 1995 lorsque la sidérurgie a été privatisée, nous n'avons pas réussi à trouver des actionnaires stables s'inscrivant dans la durée. Cela a permis à Mittal de racheter Arcelor.
Lorsque vous regardez l'industrie allemande, les Länder sont souvent actionnaires d'entreprises stratégiques. Et quand la situation économique se dégrade, au lieu de licencier, les Allemands recourent au chômage partiel et investissent massivement dans l'outil de production. Ils profitent des périodes de moindre activité pour moderniser l'outil et mieux former leur personnel, afin d'être plus compétitifs en sortie de crise. C'est ce que beaucoup d'industriels français ne font pas.
Lorsqu'une entreprise allemande fait des bénéfices, elle en réinvestit en moyenne 80 % et en distribue 20 % aux actionnaires. En France, c'est l'inverse. Je pense que c'est l'une des causes du recul de notre industrie.