Je pense qu'il existe des actionnaires publics (État, région, département) ou des investisseurs privés qui ont le sens du bien public, qui n'exigent pas forcément des rendements élevés.
Dans des industries comme les nôtres, des rendements de 15 % sont irréalistes. Quand vous dégagez déjà 3 ou 4 % de rendement, c'est correct.
Par ailleurs, je pense que nous devons identifier ce qui ressort de l'intérêt général et non des intérêts particuliers. Une entreprise multinationale n'a que faire des territoires. Ce qui lui importe, c'est le rendement. Est-ce vraiment compatible avec l'intérêt collectif ?
Je pense qu'il faut responsabiliser les salariés et leur donner la possibilité d'être actionnaires de leur entreprise. Il faut accroître l'actionnariat salarié.
Cette crise pourrait finalement avoir comme vertu de faire prendre conscience aux grands patrons de l'industrie qu'il n'est plus possible de marcher sur la tête. Nous avons plutôt intérêt à consolider les bases industrielles indispensables.
Il suffit de regarder la situation des semi-conducteurs pour s'en convaincre. De nombreuses entreprises de la filière automobile sont obligées d'arrêter leurs lignes de fabrication en raison de la pénurie qui frappe les semi-conducteurs.
Que se passerait-il si à la place des semi-conducteurs, la pénurie touchait des produits indispensables ? Que se passerait-il si nous n'étions plus livrés en pétrole ?
Il est donc important de conserver la maîtrise des activités industrielles indispensables au bon fonctionnement de notre pays.