Intervention de Édouard Martin

Réunion du jeudi 28 octobre 2021 à 17h00
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Édouard Martin, ancien délégué syndical CFDT d'ArcelorMittal Florange, ancien député européen (Alliance progressiste des socialistes et démocrates), président de l'association Bâtir le renouveau industriel sur la démocratie et le génie écologique :

Nous sommes assez fiers d'être à l'origine de cette loi.

Nous savions qu'en période de pré-campagne électorale, tous les candidats se rendraient à Florange comme on se rend à Lourdes. Par conséquent, nous avons réfléchi à des propositions à soumettre aux candidats pour protéger le patrimoine industriel.

Cette loi a le mérite d'exister, même si elle est en retrait par rapport à ce que nous aurions souhaité. Elle a quand même permis de sauver quelques entreprises, l'entreprise KME, à Givet, par exemple. 200 salariés y travaillent grâce à cette loi. Cette loi a également été utilisée chez FerroGlobe pour imposer la recherche d'un repreneur.

Cependant, cette loi ne va pas suffisamment loin. Elle ne concerne que les entreprises de plus de 1 000 salariés, qui sont de moins en moins nombreuses.

Il faudrait peut-être remplacer ce critère d'effectifs par un critère de chiffre d'affaires et un autre d'intérêt pour le territoire. Il y a ainsi une entreprise multinationale qui opère dans l'industrie du silicium et qui veut fermer ses deux sites français parce qu'elle souffre de la concurrence chinoise. Or pour fabriquer des panneaux photovoltaïques, il nous faut du silicium. Allons-nous laisser FerroGlobe fermer ces usines alors que nous avons besoin de silicium ?

Heureusement, ces deux sites réunissent plus de 1 000 salariés et sont soumis à la loi Florange.

Je n'en veux pas aux Chinois mais je suis atterré. En Europe, des règles strictes sur la concurrence existent. Les États ne peuvent subventionner des entreprises sous peine d'être taxés de concurrence déloyale. Or, les Chinois ne respectent pas ces règles, tout le monde le sait. Nous ne luttons pas à armes égales, c'est ce que je dénonce.

Je peux comprendre qu'un actionnaire souhaite se désengager. Mais il faut interdire le démantèlement des sites et chercher des repreneurs.

Malheureusement dans beaucoup de cas, l'actionnaire majoritaire qui ferme un site ne veut surtout pas de repreneur car s'il y a un repreneur, ce sera un concurrent.

Ce ne doit cependant pas être notre préoccupation. Ce qui importe, c'est si la reprise du site est positive pour notre pays, si elle sert l'intérêt général. C'est ce que la loi devrait rechercher.

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