Intervention de Édouard Martin

Réunion du jeudi 28 octobre 2021 à 17h00
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Édouard Martin, ancien délégué syndical CFDT d'ArcelorMittal Florange, ancien député européen (Alliance progressiste des socialistes et démocrates), président de l'association Bâtir le renouveau industriel sur la démocratie et le génie écologique :

C'est effectivement un sujet complexe. Je signalerai quand même que les dirigeants de l'automobile allemande et le syndicat IG Metall discutent depuis maintenant six ans de la transition énergétique. Nous savons tous que le secteur automobile sera très fortement impacté.

En France, rien n'a encore été engagé. Je ne dis pas que les discussions sont inexistantes, mais elles sont d'une ampleur bien moindre.

Il faut anticiper. Il faut que dans les secteurs dont nous savons qu'ils seront très fortement impactés, des discussions s'engagent entre partenaires sociaux pour trouver des alternatives.

Si nous n'anticipons pas, ce sera douloureux. Il y aura de la casse sociale, comme lors de la crise de la sidérurgie dans les années 1970 et 1980.

En revanche, si nous anticipons, nous pouvons imaginer les nouvelles technologies, les nouveaux métiers, et les nouveaux besoins de demain. Nous parlons beaucoup de la transition écologique mais quels seront les nouveaux métiers ?

L'important, ce n'est pas tant que les créations d'emplois dépassent les destructions. Il faut créer des emplois là où ils sont supprimés. Si vous détruisez des emplois à Stuttgart, les personnes concernées n'auront que faire que des emplois en nombre équivalent soient créés à Bordeaux. C'est pour cela qu'il est important qu'il y ait des discussions et du dialogue.

La sobriété énergétique devra aussi être recherchée grâce au développement de l'économie circulaire. Les matières premières indispensables, notamment dans le secteur de l'automobile, sont en effet très coûteuses à extraire en termes d'énergie. Il faut savoir que le secteur minier, qu'il s'agisse du charbon ou d'autres ressources, représente 10 % de la consommation mondiale d'énergie. Or, les mêmes matières premières recyclées à travers une collecte organisée permettent d'économiser entre 40 % et 90 % d'énergie.

Concernant les véhicules électriques, la question des batteries sera cruciale. Un accord entre la France et l'Allemagne semble se dessiner sur la production mais aucune réflexion n'a en revanche été engagée sur le recyclage de ces batteries.

C'est pourquoi nous préconisons une écoconception de chaque produit. Avant d'imaginer un produit, il faut réfléchir à son recyclage. L'ensemble de la filière doit être pensé avant la naissance du produit.

Ce ne sont que quelques pistes, sans aucune prétention d'exhaustivité. Elles nous semblent à privilégier, encore une fois avec la participation des parties prenantes.

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