Intervention de Alexandre Saubot

Réunion du jeudi 4 novembre 2021 à 9h30
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Alexandre Saubot, directeur général d'Haulotte Group, président de France Industrie, vice-président du Conseil national de l'industrie, ancien président de l'Union des Industries et des métiers de la métallurgie et de l'opérateur de compétences interindustriel :

Nous partageons ce diagnostic, mais je ne voudrais pas empiéter sur les responsabilités de la Plateforme automobile (PFA), cette magnifique filière qui disposera de plus amples informations. Toutefois, il convient de rester lucide sur la situation actuelle, conséquence normale du choix d'une transition écologique dans ce secteur qui est extraordinairement rapide. La disparition du moteur thermique en Europe en 2035 représente une échéance extraordinairement proche parce que le temps de l'industrie est très différent du temps politique et de celui du ressenti de l'opinion publique. Dès lors, il convient d'inciter les industriels à évoluer vers cette transition numérique et écologique, et ils sont pleinement mobilisés pour apporter leur écot et leur contribution à ces enjeux majeurs. Le conservatisme qu'on leur a reproché dans le passé n'est plus d'actualité.

Cette transition rapide aura des conséquences d'autant plus lourdes sur le secteur automobile et le tissu industriel français, notamment la sous-traitance automobile, que le moteur thermique représentait un domaine d'excellence de la France, ce qui n'est pas encore le cas de la batterie.

Par ailleurs, l'industrie automobile, comme tous les autres secteurs, souffre des pénuries et il semble que cette période complexe de pénuries majeures, notamment sur les composants électroniques, doive durer entre douze et dix-huit mois. Les assembleurs passent des commandes et ils s'aperçoivent que certains fournisseurs ne peuvent les livrer que partiellement. Parfois, ils régulent leur stock, mais ils finissent par atteindre leurs limites. Entre les fournisseurs qui ont pu livrer le nominal et ceux qui n'y sont pas parvenus, on atteint un point bas qui limite la capacité de tous. L'ensemble de la chaîne devra donc s'adapter à un niveau plus bas pour un temps indéterminé. Ce phénomène se cumule à la question structurelle que j'évoquais précédemment.

Par ailleurs, la fabrication d'une voiture électrique est sensiblement plus onéreuse que celle d'une voiture à moteur thermique. Je n'ai pas l'impression que les utilisateurs, en France ou ailleurs, soient naturellement prêts à payer la fonction mobilité 50 % plus cher au seul prétexte qu'elle sera électrique. L'ensemble de la chaîne subit donc une extraordinaire pression afin de faire en sorte que le coût d'un véhicule électrique approche celui d'un véhicule à moteur thermique.

Dès lors, le cumul de la transformation qui fragilise en particulier le tissu français, de l'agitation conjoncturelle liée à la diminution forcée de la production et de l'environnement qui impose une transition rapide à laquelle l'industriel assembleur doit apporter sa contribution explique que le phénomène soit particulièrement exacerbé dans l'industrie automobile.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.