Je ne représente pas les filières. Je les anime, je les coordonne et je les fais vivre, mais je respecte les présidents de filière, car ce sont eux qui portent chacune des filières, ses contrats stratégiques et les entreprises qui la composent.
Pour autant, nous observons en effet des situations très différentes, liées à l'histoire des filières, à la nature de leurs grands acteurs, aux enjeux auxquels elles sont confrontées, à leur positionnement dans l'économie, etc.
La construction d'un nouveau système énergétique a conduit à réunir autour d'une même table des entreprises telles que Schneider, Total, Engie et EDF, dont la capacité à travailler ensemble est encore à construire en raison de leurs histoires respectives. A contrario, la filière aéronautique présente une culture centrée sur la collaboration et un faible niveau de concurrence frontale entre les grands acteurs. Les différences entre ces deux filières sont évidentes.
Nous avons récemment créé une nouvelle filière sur les solutions industrielles du futur afin de redonner toute leur place aux solutions industrielles françaises et les articuler avec le plan France Relance et le plan d'investissements France 2030. Les situations progressent avec des enjeux et des niveaux de maturité et de collaboration très différents.
La filière Santé présente d'extraordinaires enjeux. Pendant trop longtemps, la France a déployé une approche comptable dans ce secteur, autour de la maîtrise des dépenses de santé, objectif au demeurant légitime. Souhaitons-nous que notre industrie de santé soit forte ? Souhaitons-nous lui attribuer les moyens de se développer dans les enjeux futurs (bioproduction, anticorps monoclonaux, etc.) ? Nous assistons à une transformation profonde d'une santé autour de la chimie vers une santé autour de la biologie. Ces mutations nécessiteront des investissements considérables, des choix à opérer en Europe et de la mutualisation. Si la France ne prend pas sa place dans les grands outils de la santé de demain, il ne faudra pas s'étonner que sa situation se dégrade dans ce secteur.
Nous faisons également face à des enjeux autour de l'électronique. Autour de STMicroelectronics et de ce que nous avons mis en œuvre à Grenoble, nous devrons traiter des sujets très lourds. Nos amis allemands ont déployé une stratégie très claire autour de leur centre à Dresde afin d'en faire un domaine d'excellence. Il importe que nous soyons capables de nous défendre et de faire valoir nos points d'excellence. Nous disposons d'une très belle entreprise franco-italienne dans ce domaine sur laquelle nous pouvons nous appuyer.