La France accuse en effet du retard par rapport à l'Allemagne et au Royaume-Uni, notamment, qui produisent 80 % de leurs génériques sur leur territoire. La moyenne européenne se situe à environ 60 % et notre taux est également inférieur à cette moyenne. Notre marché s'est développé depuis une vingtaine d'années, donc récemment, essentiellement sur la substitution au sein du répertoire des médicaments génériques. Les pharmaciens ont été les principaux acteurs de ce développement, pour atteindre actuellement environ 80 % de substitutions. Les patients se sont mobilisés plus tardivement, à partir de 2006, à travers l'institution du tiers-payant qui les a incités à accepter le médicament générique. L'implication des médecins a été plus plus limitée et les incitations dont ils ont bénéficié via la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) étaient faibles.
Nous avons donc encore la possibilité de gagner des parts de marché sur le générique et d'augmenter les économies de deux milliards et demi à trois milliards d'euros par an et si nous atteignions la moyenne européenne, nous génèrerions un milliard d'euros supplémentaires d'économies, ce qui serait bénéfique à la réduction des déficits et au financement de l'innovation.
Pour ce faire, il importe avant tout d'étendre le champ de la substitution parce que notre répertoire est encore très limité et qu'un certain nombre de spécialités n'y sont pas inscrites. Notre second axe de développement résiderait dans la prescription en dénomination commune internationale (DCI) qui facilite la compréhension du patient et l'acceptation de son traitement générique. Cette mesure est obligatoire depuis 2015, mais elle n'est pas appliquée de manière homogène par l'ensemble des prescripteurs.
S'agissant des biosimilaires, nous sommes encore très éloignés de l'objectif de 80%. Des mesures ont récemment été mises en place. Elles portent sur la prescription hospitalière exécutée en ville, sur l'incitation des médecins à travers la signature de la convention médicale entre les médecins et la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) applicable à partir de 2022 et sur la réintroduction de la substitution. Il importe d'activer l'ensemble de ces leviers simultanément afin de ne pas opposer les professionnels de santé sur le biosimilaire et d'atteindre la cible de 80 %.