Intervention de Éric Besson

Réunion du jeudi 4 novembre 2021 à 14h30
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Éric Besson, ancien député, ancien ministre chargé de l'industrie, de l'énergie et de l'économie numérique, président de Sicpa Maroc :

Les semi-conducteurs sont des composants clés, qui demandent une réponse d'envergure européenne. Il en va de l'avenir de notre industrie. La situation des matières premières est, elle, plus aisée. Il faut surtout avoir une vision géographique et géopolitique de leurs approvisionnements. Par exemple, la République démocratique du Congo et le Kazakhstan concentrent une grande partie des terres rares. Quelles sont les situations de ces pays ? Quels sont nos rapports avec eux ? Comment faire pour ne pas tarir nos sources d'approvisionnement de matières premières stratégiques ? Nous pouvons certes constituer des stocks stratégiques, mais ils sont forcément limités.

Ma vision du nucléaire est particulièrement tranchée. Nous étions auparavant le premier producteur mondial d'électricité nucléaire – qui est une électricité peu onéreuse pour les particuliers et les entreprises – et nous détenions une expertise reconnue en matière de sûreté. Nous étions en pointe dans la recherche sur les réacteurs du futur et sur le traitement des déchets nucléaires à longue durée de vie. De plus, l'industrie nucléaire est pourvoyeuse de nombreux emplois de qualité. Tout cela conduisait à préparer un mix énergétique accordant une large part aux énergies renouvelables.

Néanmoins, les évènements des dernières années ont modifié ce paradigme. La mauvaise gestion de la crise liée à l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima a frappé les esprits. En réaction, certains pays, notamment l'Allemagne, ont décidé unilatéralement de sortir du nucléaire. Elle s'est imposée, parmi les pays européens, comme un modèle de dénucléarisation. Or ce mouvement engendre une hausse des émissions de CO2 malgré le recours aux énergies renouvelables. De plus, la France a adopté une politique visant 50 % d'électricité issue d'énergies renouvelables. À mon sens, la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim fut une erreur irrationnelle. Ne pas décider de remplacer immédiatement les centrales usagées est également une erreur. Certaines évolutions récentes en la matière sont toutefois bienvenues.

L'ensemble de ces éléments a eu pour conséquence une perte d'expertise colossale en matière de construction du parc nucléaire. Nous sommes, d'un point de vue industriel, dépassés par la Chine et la Russie, alors que nous étions largement en tête auparavant.

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