Elle n'est peut-être pas reproductible dans tous les territoires, car elle nécessite une certaine passion. Je suis né dans une petite commune rurale dont mon père était maire. J'étais le seul à faire des études. L'espoir des jeunes était de vivre et de travailler au pays. J'ai toujours été sensible aux témoignages des personnes au chômage. Il faut une passion pour engager ce processus parfois difficile. L'un des points les plus problématiques pour moi est la dévalorisation du travail manuel. Trop souvent, en fin de troisième, lorsque les jeunes sont orientés vers l'apprentissage ou l'enseignement technique, les familles éprouvent un sentiment de déclassement. Je défends l'idée d'une formation tout au long de la vie, permettant de passer d'un certificat d'aptitude professionnelle (CAP) à un poste d'ingénieur ou de chef d'entreprise. Je souhaiterais que soient développées des universités des métiers. Après le pain et l'eau, le besoin de considération est le plus grand besoin de la personne. J'ai commencé ma vie professionnelle en tant qu'ingénieur agronome en Tunisie, à la frontière algérienne. Pendant la guerre des Six Jours entre Israël et l'Égypte, j'ai mesuré combien l'humiliation ressentie par les peuples représentait la « nitroglycérine » de la politique. Il reste beaucoup d'efforts à fournir en France dans ce domaine, qui explique pour partie le déficit industriel.