Intervention de Manuel Burnand

Réunion du mercredi 24 novembre 2021 à 9h30
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Manuel Burnand, directeur général de la FEDEREC :

Comme l'a expliqué François Excoffier, la FEDEREC exploite la mine urbaine, appelée « mine de surface ». Le stock qu'elle représente est constitué par la production industrielle historique. Il se trouve dans les bâtiments et dans les objets qui nous entourent, mais est également alimenté par la consommation et par l'importation. Il s'agit là d'une opportunité importante, en particulier sur les métaux stratégiques. En effet, bien que peu de mines se situent sur le territoire français, la France s'est enrichie en métaux stratégiques grâce à l'importation de cartes électroniques, de composants et d'aimants. Il s'ensuit des effets de bord puisque la France importe également des cartons. Une partie de la ressource du stock provient ainsi de l'extérieur.

Les volumes recyclés sont composés de déchets simples, tels que les bouteilles en plastique, et de déchets complexes, comme les voitures, qui rassemblent 70 éléments différents du tableau de Mendeleïev avec des modèles spécifiques. Les volumes, qui découlent des obligations définies par les directives européennes, ne cessent d'augmenter. La contrainte propre à l'industrie du recyclage renvoie en effet à l'obligation légale pour les entreprises de recycler, ce qui engendre des flux continus de matières à recycler, alors que les exploitants des mines traditionnelles peuvent choisir de limiter les volumes produits. Cette contrainte permet à l'industrie du recyclage d'être extrêmement agile et bien implantée sur l'ensemble du territoire et d'englober différents marchés.

Les prix dépendent principalement de deux facteurs.

Premièrement, le marché des matières recyclées fluctue en aval en fonction du marché des matières premières, puisqu'elles sont en concurrence permanente avec le pétrole et le minerai de fer. Actuellement, la baisse très forte du prix du minerai de fer liée au recul de la production chinoise, combinée à l'augmentation du prix de l'électricité, produit un effet ciseaux sur le recyclage de l'acier. L'industrie du recyclage bénéficie en amont d'une importante opportunité constituée par les filières à responsabilité élargie des producteurs (REP) dans le cadre des éco-organismes. Par exemple, il y a vingt ans, les réfrigérateurs étaient recyclés dans la filière ferraille tandis qu'aujourd'hui, le plastique qui les compose peut être recyclé grâce à des lignes dédiées et à un financement des procédés de recyclage.

La qualité des matières recyclées produites dépend de la demande des consommateurs et de l'innovation. En effet, l'industrie du recyclage est un secteur particulièrement innovant, qui investit largement dans la recherche et développement (R&D), notamment en raison des incitations de la réglementation à travers les contraintes sur les exports de déchets. Nous avons d'ailleurs assisté hier à un exposé sur l'anticipation de la réglementation sur les exportations de déchets au sein de l'Union européenne (UE) et vers l'international, sur la réglementation du tri « haute performance » et sur les refus de tri, présents dans l'ensemble des processus de recyclage. Par ailleurs, l'industrie du recyclage affiche actuellement une compétitivité accrue avec une montée en puissance et en capacité de volume des centres de tri. Par exemple, le nombre de centres de tri des emballages ménagers est passé de 300 à bientôt une centaine de centres beaucoup plus grands.

En outre, le prix des matières recyclées est nécessairement soumis à l'évolution du prix de l'électricité, puisque le recyclage fonctionne essentiellement grâce à cette dernière et fait l'objet de contraintes importantes sur les rejets.

En ce qui concerne les véhicules électriques, une augmentation considérable du nombre de batteries à traiter est attendue. Il s'agit d'un point de vigilance en matière de gestion des risques : les batteries lithium peuvent se révéler extrêmement dangereuses car elles peuvent être la source d'un départ de feu, alors que par le passé les épisodes d'incendies étaient caractérisés par une forte saisonnalité. Cet enjeu de sécurité constitue ainsi une préoccupation permanente de nos entreprises pour la protection du personnel et de l'environnement. Il existe une typologie de batteries extrêmement large, entre les véhicules hybrides et les véhicules électriques, plus encore avec la question de la « deuxième vie ». Une fois que la performance de la batterie se situe en deçà des 80 %, celle-ci bénéficiera d'une deuxième vie en stationnaire avant d'être recyclée. Nous avons ainsi identifié 200 types de batteries. La FEDEREC intervient sur leur collecte puis sur leur livraison aux industries de consommation et de régénération des batteries. L'enjeu est donc extérieur à notre secteur d'activité puisque nous livrons les batteries aux utilisateurs mais ne détenons pas le procédé de recyclage. Il s'agit d'une question stratégique sur laquelle nous travaillons à travers notre comité stratégique de filières (CSF) et au sein de différents comités dans la métallurgie.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.