La possibilité de continuer à exporter constitue également un enjeu important puisque l'industrie du recyclage contribue favorablement à notre balance du commerce extérieur. Il ne s'agit pas seulement de collecter et de trier les déchets mais surtout de les négocier et de les incorporer dans le système productif. Le territoire français ne disposant plus de mines d'extraction de minerai de fer, le recyclage constitue le seul moyen de ne pas en importer. Or l'industrie française ne consomme pas la totalité des matériaux recyclés sur le territoire. Face à la désindustrialisation, il convient donc de recréer des filières, ce qui rendra l'exportation moins nécessaire.
En revanche, limiter l'exportation constitue une hérésie parce que les emplois liés à la production des matières recyclées exportées se situent en France. De plus, l'exportation concerne principalement des produits plutôt bas de gamme, avec un fort taux d'impuretés, puisque les produits haut de gamme sont consommés essentiellement en France. En effet, les matériaux de basse et moyenne qualité sont encore beaucoup consommés par exemple en Turquie et en Italie dans le bâtiment. L'industrie française utilisera de préférence des chutes industrielles issues par exemple d'une usine manufacturière comme Peugeot. Une chute de tôle issue d'un processus de fabrication automobile bénéficiera d'une forte attractivité auprès des usines à proximité.
Comme pour les autres industries, la performance nécessite un accompagnement de la R&D. Dans les dossiers des CSF, les nouveaux centres de tri « haute performance » permettent d'améliorer le taux de recyclage. Afin que les entreprises soient performantes, le personnel doit être formé et les emplois doivent être attractifs. Afin de promouvoir la valeur de ces emplois malgré le manque d'attractivité du tri des déchets, nous expliquons à nos salariés qu'ils participent à l'économie circulaire.
Les filières de prospective constituent un autre enjeu important. Par exemple, il conviendrait que la France se saisisse davantage de la production d'énergie liée au combustible solide de recyclage (CSR), qui représente 60 % de la valeur calorifique du pétrole. Dans la mesure où, en France, « on n'a pas de pétrole mais on a des idées », comme l'affirmait un slogan publicitaire célèbre dans les années 1970, la France doit être motrice sur ces filières de la même manière que sur les biodéchets.