Intervention de Vincent Fanon

Réunion du mercredi 24 novembre 2021 à 11h00
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Vincent Fanon, directeur général de la société Systech :

Le sujet auquel se consacre cette commission me passionne car il se trouve que j'ai repris l'entreprise familiale de sous-traitance en électronique, une usine qui produit des cartes électroniques en France, à une heure de Paris. Cette entreprise comptait une quarantaine de personnes lorsque je l'ai reprise, mais elle a connu une forte croissance puisqu'elle rassemble aujourd'hui environ 80 collaborateurs.

La désindustrialisation est un sujet qui nous intéresse parce que l'industrie électronique fait partie des secteurs que la France a laissé partir il y a une vingtaine d'années, comme en témoigne notamment l'exemple de l'usine de Philips à Dreux qui fabriquait des téléviseurs. L'industrie française produisait également en masse des téléphones, alors qu'aujourd'hui, cette production se concentre sur des produits de niche.

Nous avons peut-être atteint le pic de cette désindustrialisation alors que certaines productions reviennent désormais en France. Tel est notamment le cas de notre plus gros client qui conçoit des phares additionnels d'engins de chantier. Longtemps en concurrence avec une entreprise chinoise, Systech est désormais compétitive face à ce mastodonte grâce à sa flexibilité, son sérieux et sa réactivité. Cela démontre, je l'espère, que la relocalisation est en marche.

Le principal problème actuel réside dans l'approvisionnement en composants. Ceux-ci ne sont plus produits en Europe, ce qui engendre une dépendance envers la Chine et les États-Unis. Qui plus est, cette tendance ne semble pas s'améliorer. Bien que ce problème soit commun à tous les secteurs, il me semble plus prégnant dans celui de l'électronique. La fabrication de cartes électroniques illustre bien cette problématique, notamment via l'analyse de sa chaîne de valeur. La première étape consiste en la fabrication des circuits imprimés – printed circuit boards (PCB), résultant de l'assemblage d'alliages dans des usines spécialisées avec du personnel qualifié dans le domaine de la chimie.

Des fabricants français subsistent, mais ils ferment les uns après les autres. Même si la relocalisation de cette production me semblerait bénéfique, elle me paraît impossible malgré les investissements considérables de STMicroelectronics. La perte de ces entreprises productrices de PCB constitue un problème sérieux car elle engendrera une nouvelle dépendance envers la Chine. Ces entreprises ferment pour des raisons diverses, notamment la sévérité des normes liées aux produits qu'elles utilisent et la complexité des assemblages nécessaires pour produire les composants. Systech essaie cependant de s'approvisionner en cartes électroniques auprès d'entreprises françaises, ce qui devient de plus en plus complexe.

La filière électronique étant considérée comme un secteur clé de l'activité française, des moyens doivent y être alloués. Nous avons certes reçu l'aide du gouvernement à travers le plan de relance, mais nous allons de nouveau solliciter son concours afin de surmonter la crise des composants électroniques. Le secteur est ainsi complexe et souffre d'un manque de souveraineté, dans une plus grande mesure que les autres industries.

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