Intervention de Jean-Marie Piranda

Réunion du mercredi 24 novembre 2021 à 11h00
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Jean-Marie Piranda, président de Frial :

Frial est une entreprise que j'ai créée en 1990 dans le secteur de l'agroalimentaire. Nous commercialisons des produits de la mer et des plats cuisinés surgelés. Elle compte aujourd'hui 450 collaborateurs répartis sur trois sites de production. Nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 182 millions d'euros en 2020.

Lors de la création de l'entreprise, nous achetions essentiellement nos produits de la mer en France et en Europe, puis nous avons internationalisé notre approvisionnement. Dès le début des années 90, le personnel était inquiet, ne comprenant pas pourquoi nous n'achetions pas uniquement des produits français. Cette décision s'inscrivait cependant dans la stratégie de notre entreprise à cette époque qui consistait à conditionner les produits en Asie afin de réinvestir les bénéfices en France pour la construction de trois usines. Cette stratégie nous a permis d'investir plus de 120 millions d'euros entre 1995 et 2005 afin de construire l'usine de plats cuisinés sur le site de Bayeux.

La question de la réindustrialisation n'est pas nouvelle, puisque déjà au milieu des années 90, nous nous demandions s'il était préférable pour notre développement de produire en France ou à l'étranger. Selon moi, il ne faut pas diaboliser la production à l'étranger car nous ne pouvons pas tout produire sur le territoire. Par exemple, la pêche française ne représente que 40 % de la consommation annuelle, ce qui signifie que s'il ne devait se tourner que vers la production nationale, le consommateur ne pourrait plus manger de poisson après le mois de mai. Il est donc préférable d'opter pour une vision internationale. De plus, la décision n'appartient pas directement aux entreprises industrielles, mais aux consommateurs. Notre rôle consiste à proposer des produits qui s'adaptent à la demande.

Sur le secteur des plats cuisinés, nous avons dû faire face à la problématique de la robotisation. Depuis quatre ans, nous avons maximisé la robotisation de l'entreprise, ce qui a entraîné une certaine défiance du personnel qui craignait des suppressions d'emplois. Cependant, avec de la pédagogie, nous avons réussi à expliquer à nos collaborateurs que nous n'avions pas le choix et que nous devions utiliser des robots afin de baisser nos prix de revient et de pouvoir fabriquer des produits sur le territoire français.

Depuis deux ans, la crise de la Covid-19 nous a permis de prendre conscience de la nécessité de relocaliser la production de certains produits sur le territoire national et nous avons donc enclenché le processus de relocalisation depuis deux ans. Nous avons également bénéficié du plan de relance. Nous réalisons désormais 30 % de notre chiffre d'affaires à l'export. Notre principale difficulté réside dans le recrutement : malgré notre implantation en zone rurale, les candidatures se font rares. Nous différons certains investissements car nous savons que nous ne trouverons pas le personnel qualifié sur certaines lignes de conditionnement.

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