Didactic est une société normande basée près du Havre qui existe depuis plus de cinquante ans. Nous développons, fabriquons et commercialisons des dispositifs médicaux à usage unique dans le domaine de la prévention des risques infectieux, à la fois en France et à l'international. Le secteur de la santé rassemble la production de médicaments, mais également celle des dispositifs médicaux. Il s'agit d'un domaine extrêmement vaste qui regroupe les aiguilles et les seringues, mais aussi les scanners et les logiciels informatiques. L'entreprise concentre un ensemble de métiers de la conception, des achats, de la qualité, des affaires réglementaires, du commerce, de l'approvisionnement (supply chain) ainsi que de la fabrication. Nous avons racheté il y a quelques années une entreprise spécialisée dans la fabrication de produits pour les soins de bouche des patients dépendants, notamment en réanimation. Didactic est leader sur ce marché avec des produits fabriqués en France. Le chiffre d'affaires, avant la crise de la Covid-19, s'élève à 70 millions d'euros et l'entreprise est présente dans une quarantaine de pays. Afin d'exporter notre modèle, nous avons créé une filiale espagnole il y a un an, dans laquelle travaillent 90 employés. Cette filiale est détenue par un actionnariat français, notamment par dix cadres de l'entreprise et un partenaire financier français. Nous réalisons 60 % de notre chiffre d'affaires auprès des établissements de santé publique, via des réponses à des appels d'offres, et 20 % auprès d'établissements de santé privés, via des négociations avec des centrales d'achats.
En 2007, un perfuseur coûtait 30 centimes d'euros, contre 17 centimes en 2021, ce qui représente une baisse de 45 %. Avant que je reprenne l'entreprise, la production était majoritairement réalisée en Italie et en France. Cette baisse des prix est induite d'une part par une intensification concurrentielle et l'augmentation du nombre d'appels d'offres, et d'autre part par le regroupement des hôpitaux en centrales d'achats afin d'obtenir de meilleurs tarifs. Le prix est en effet le facteur de choix principal des commissions d'appel d'offres, devant les aspects techniques et logistiques ainsi que la qualité des produits, ce qui n'avantage pas la production française.
La facilité des échanges avec l'Asie constitue également une cause de désindustrialisation, même si cette problématique est moins prégnante qu'auparavant grâce à l'augmentation actuelle du coût du fret maritime. La pression réglementaire est, de plus, beaucoup plus forte en Europe et en France qu'en Asie. Le domaine des dispositifs médicaux est de plus en plus encadré par des instances comme les organismes notifiés ou l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) Enfin, le manque de considération des métiers de l'industrie constitue un véritable enjeu de la désindustrialisation. Le problème de la formation, le manque d'intérêt pour les outils industriels ainsi que le faible recours à la robotisation et à l'automatisation handicapent la France dans sa reconquête industrielle. Dans le domaine des dispositifs médicaux, l'automatisation pourrait nous permettre de dynamiser fortement les filières françaises.
Il me revient également d'évoquer le fait que Didactic est lauréat du plan de relance avec un projet de création d'usine de perfuseurs en Normandie, en partenariat avec une petite ou moyenne entreprise (PME) dans le domaine de l'injection plastique. Bien que l'État ait rempli son rôle sur ce projet, il doit donner une vision et une direction claires à ses actions en termes de politique industrielle. Les subventions, outil court-termiste, ne constituent pas le seul moyen d'action et dans le domaine de la santé publique, les politiques d'achats doivent évoluer afin que le prix ne soit plus le seul critère pris en compte.