Lors de la création d'une entreprise, nous ne pensons pas à notre succession, ni au seuil du nombre d'employés pour passer à un autre type d'entreprise. J'ai eu la chance d'être accompagné par des actionnaires actifs, qui ne travaillaient pas dans l'entreprise, mais qui m'ont soutenu dès les années 1990 alors que je n'avais pas d'argent à investir. En 2008, j'ai commencé à penser à ma succession, que je n'avais pas préparée auparavant. Les actionnaires qui m'aidaient depuis le début ont souhaité sortir de l'entreprise et nous avons donc fait le choix d'un rachat par un fonds d'investissement. Ce fonds est resté au capital pendant quelques années, mais notre secteur ayant besoin d'investissements productifs de cinq à dix millions d'euros par an, cet actionnaire a préféré se retirer. J'ai moi-même quitté l'entreprise en 2013, mais l'entreprise a rencontré un problème important en 2019. Le fonds qui portait alors la dette de l'entreprise m'a contacté afin de me convaincre de redémarrer l'activité de l'entreprise. Je suis donc revenu à la tête de Frial et le fonds de dette a recapitalisé l'entreprise et a validé un plan d'investissement de 23 millions d'euros sur deux ans. Nous avons donc réussi à sauver tous les emplois.
Nous avons également bénéficié du prêt garanti par l'État (PGE), que nous avons déjà intégralement remboursé puisque les résultats financiers de l'entreprise le permettaient. Avec le soutien de ce fonds d'investissement, nous avons décidé de céder l'entreprise à un industriel français dans quelques mois. Notre objectif est de réaliser au minimum 50 % de notre activité à l'étranger afin de maintenir notre développement et de limiter notre dépendance à la clientèle française, qui est plus difficile que la clientèle européenne. Un industriel allemand de la même taille rencontrera en effet beaucoup moins de problèmes avec ses clients.
De nombreux dirigeants relativement âgés rencontrent ainsi aujourd'hui un vrai problème en ce qui concerne la fiscalité de la succession.