Intervention de Christophe Beaux

Réunion du jeudi 25 novembre 2021 à 9h30
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Christophe Beaux, directeur général du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) :

Au travers de cette stratégie de décarbonation que nous soutenons, il est nécessaire de ne pas renoncer à nos atouts compétitifs. L'énergie d'origine nucléaire est un avantage majeur pour le pays. Nous soutenons la reprise d'un programme ambitieux de construction de centrales nucléaires et les efforts du gouvernement pour tenter de corriger les défauts du marché de l'électricité. Ce dernier a été régulé à partir de 1997, dans le sens des intérêts du réseau continental sans favoriser les intérêts de notre production à bas coût. L'électricité nucléaire à venir sera sûrement plus coûteuse. Néanmoins, le marché de l'électricité actuel s'aligne sur l'unité de production la plus coûteuse : le gaz. Cette dernière est extrêmement volatile avec des coûts qui peuvent atteindre 300 euros le mégawattheure. Cela engendre des inconvénients pour notre industrie, notamment celle qui est électro-intensive. Nous pourrions subir des pertes en ligne dans la production de l'aluminium ou d'autres produits très consommateurs en électricité. Nous soutenons donc une politique de production de l'électricité massive, ambitieuse et décarbonée au travers du nucléaire.

Nous devons également nous protéger des productions fortement carbonées et à bas coût qui inondent la chaîne de valeur de nos industries. Nous soutenons un mécanisme d'ajustement carbone aux frontières. Ce dernier est simple dans son contexte : il s'agit de la mise en place d'une taxe carbone sur les produits étrangers. Cette taxe serait aisément calculable pour des produits simples comme le ciment, mais son calcul serait plus ardu pour des produits complexes semi-finis, car il faudra alors identifier la quantité de carbone pour chaque composant. Cela pourrait induire des comportements d'optimisation de la part des producteurs étrangers. Ainsi, si cette taxe est mal conçue, les Chinois pourraient affecter leur parc nucléaire à la production de produits à destination de l'Europe, tandis qu'ils conserveraient pour eux les produits réalisés avec de l'énergie fossile. Ce mécanisme, que nous soutenons dans son principe sera difficile à mettre en place et qui plus est, les Allemands n'y sont pas favorables, car ils craignent des rétorsions commerciales. Leur balance commerciale n'est pas de même nature que la nôtre, ils auraient alors davantage à perdre.

Par conséquent, il demeure nécessaire d'être ambitieux quant à la décarbonation qui s'avère un outil de relocalisation. Toutefois, les processus afférents restent complexes dans leur application.

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