Intervention de Christophe Beaux

Réunion du jeudi 25 novembre 2021 à 9h30
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Christophe Beaux, directeur général du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) :

Historiquement, notre pays a toujours été très centralisé. Il est logique que les ETI soient plus nombreuses dans un pays fédéral tel que l'Allemagne, ou de nature plus polycentrique comme l'Italie. Cette forte dichotomie entre des petites entreprises sous-traitantes de grands groupes s'explique aisément dans notre pays jacobin. Cette mise en réseau d'ETI plus familiales, de taille moyenne et plus stables dans le long terme se retrouve plus aisément dans des pays polycentriques comme l'Allemagne et l'Italie. Il s'agit également d'un aspect culturel : ainsi, nos jeunes diplômés ont une faible appétence pour l'industrie. Les étudiants rêvent davantage des tours de la Défense que des usines à Valenciennes. Ainsi, plusieurs facteurs historiques, culturels et économiques permettent d'appréhender cette différence dans les modèles économiques européens.

Nous avons aussi un problème de transmission de l'entreprise. Des dispositifs publics ont été mis en place au fur et à mesure, mais ils demeurent insuffisants. Le patron d'une PME familiale éprouve des difficultés à transmettre son entreprise en dehors de sa lignée familiale. Lorsque des fonds proposent une ouverture du capital ou un adossement de nature capitalistique différent, ils rencontrent de fortes résistances psychologiques. Les fonds de gestion sont très importants en France, ils ont connu un développement rapide ces dernières années. Toutefois, ils restent moins éminents qu'au Royaume-Uni par exemple où la structure capitalistique est davantage diversifiée et moins familiale qu'en France.

L'échec des prêts participatifs en France en est un exemple récent. Ils ont été mis en place par le gouvernement pour sortir de la crise. Cependant, si les prêts garantis par l'État (PGE) ont parfaitement fonctionné, le prêt participatif est un échec. En effet, cette mesure ne correspond pas culturellement à l'attente des chefs d'entreprise. Ces derniers ne souhaitent pas avoir un élément de bilan convertible ou qui constitue, à terme, une entrée non consentie dans leur capital. Ces phénomènes entravent la croissance des entreprises françaises. Les PME peinent à devenir des ETI qui par la suite rencontrent elles-mêmes des difficultés pour croître. Elles demeurent dans un état de développement intermédiaire qui nuit à une orientation vers l'export ou à une maîtrise accrue de leur chaîne de valeur. Ce phénomène les cantonne dans un rôle de sous-traitant ou d'exécutant. Il me semble que ces aspects socioculturels profonds, historiques et techniques doivent être pris en compte dans l'analyse du développement des entreprises.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.