Nous n'attendons pas tout de la loi. Parfois, la loi nous corsète davantage que nous le souhaiterions. Effectivement, les entreprises peuvent prendre des initiatives pour améliorer leur image.
Sur la question des salaires, mes élus indiquent qu'il revient aux branches et aux entreprises de moduler les salaires en fonction de situations variables. Il existe une telle disparité d'une région à une autre, en fonction notamment de l'impact de la crise sanitaire et de leur situation à la sortie de la crise. Nous pensons que le dialogue doit avoir lieu à l'échelle la plus pertinente qui est celle de l'entreprise. Nous voyons des branches ou des entreprises engager des négociations annuelles obligatoires ou des négociations de branches dans le sens d'une revalorisation des salaires. C'est notamment le cas de la restauration et de l'hôtellerie. Nous pouvons nous attendre à des hausses de salaire davantage significatives en 2022. Nous pouvons nous en réjouir, à condition que cela n'empiète pas sur la marge des entreprises et leur capacité d'investissement ou que l'inflation n'augmente pas. Actuellement, cette dernière a légèrement augmenté, elle est de 2,6 % sur douze mois glissants. Nous demeurons loin de l'Allemagne où l'inflation est de 4 % et des États-Unis où cette dernière atteint 6 %.
Quand les entreprises organisent, financent et dirigent des établissements de formation professionnelle, ces formations sont reconnues et débouchent sur des embauches rapides, car elles sont intégrées dans une filière. Au contraire, lorsqu'il s'agit de rapprocher l'école du monde de l'entreprise, on constate des difficultés d'ordre culturel. L'enseignement des sciences économiques et sociales au lycée concerne peu l'industrie et l'entreprise. Lorsque des cadres ou des chefs d'entreprise proposent de présenter l'activité économique de leur entreprise, ils sont confrontés à des réticences du corps professoral qui ne souhaite pas être assujetti à une pensée d'entreprise. Si ce phénomène s'explique sociologiquement, il n'engage pas à une meilleure compréhension des deux univers. En France, il engendre un taux élevé de formations ne débouchant pas sur une employabilité réelle. Dans les classements issus du Programme international pour le suivi des acquis des élèves – Programme for International Student Assessment (PISA), il est frappant de constater le nombre d'étudiants français qui sortent du système, sans adhésion à un projet professionnel concret et identifié. Il existe beaucoup d'emplois non pourvus et de nombreuses formations qui débouchent sur peu d'offres d'emploi.
Nous ne sommes pas satisfaits de la réforme issue de la loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel. La fusion des opérateurs de compétences (OPCO) a abouti à de plus gros ensembles. Toutefois, ces derniers sont constitués de bric et de broc. L'explosion non maîtrisée de l'utilisation du compte professionnel de formation (CPF) provoque un déficit chez France compétences (10 milliards d'euros en cumulé). Nous ne contestons pas la liberté pour le salarié d'user de son droit à la formation tout au long de la vie, mais encore faut-il qu'il en fasse un usage éclairé. Il est nécessaire de se demander si la formation choisie améliore l'employabilité. C'est en ce sens que nous avons récemment signé avec les partenaires sociaux un accord national interprofessionnel qui vise à corriger certains défauts de la réforme de 2018. Il organise un dialogue entre l'employé et l'employeur lorsque le salarié utilise les droits de son CPF. L'employé conserve la liberté finale de son choix, mais le dialogue permet de s'interroger sur l'amélioration de l'employabilité ou l'évolution de l'intéressé dans l'entreprise. Il est nécessaire de redonner du pragmatisme à ces formations utiles aux transitions professionnelles. Les bons outils de passage d'un métier à l'autre sont essentiels.
Dans ce domaine, nous bénéficions d'un dialogue construit avec les présidents et présidentes de région qui sont investis dans les questions économiques.