J'ai travaillé à Londres et j'ai constaté la grande plasticité des formations britanniques et des métiers auxquels se destinaient ensuite ces étudiants. Il s'agit d'un univers de catégories socio-professionnelles (CSP) élevées. Je ne suis pas certain que les études de sociologie mènent directement à l'industrie. Nous constatons un défaut d'adéquation entre les formations universitaires et le monde de l'entreprise. La mécanique de choix des filières et la pondération des matières ne correspondent pas aux besoins du tissu économique. L'université vit en vase clos et se fait plaisir, sans chercher à former des personnes à un emploi.
Concernant le peu d'appétence de nos citoyens pour l'entreprise, je ne suis pas tout à fait d'accord. Vous avez glissé sémantiquement de l'industrie à l'entreprise en général. Or la relation avec nos concitoyens est très bonne. Nous la mesurons par des sondages régulièrement. En sortie de crise, 80 % des Français ont une bonne opinion de leur entreprise. 60 % des Français associent le mot confiance à l'entreprise et une grande majorité estime que l'entreprise les a bien protégés pendant la crise (gestes barrières, chômage partiel). Je ne pense donc pas qu'il existe une désaffection des Français à l'égard de l'entreprise. Si nous comparons ces taux de confiance avec ceux que les Français ont envers d'autres institutions de la vie quotidienne et en particulier avec l'État, les chiffres sont en défaveur de la sphère publique. Seuls les maires conservent la confiance de leurs concitoyens. Néanmoins, une difficulté spécifique existe pour l'industrie qui doit consentir les efforts nécessaires pour valoriser ses filières de métier. Cependant, concernant l'entreprise en général, les opinions demeurent très positives.
Les stimuli auxquels les entreprises répondent ne sont pas uniquement gouvernementaux ou législatifs. Le fonctionnement du marché, à savoir ce que les investisseurs réclament en termes de proxy ou les consommateurs en matière de transparence sur les produits, représente un élément incitatif puissant au même titre que la loi et le règlement. Le premier interlocuteur de choix des entreprises reste leurs clients. Les attentes des clients orientent les évolutions des entreprises en termes de production carbone par exemple. La puissance publique peut y contribuer, orienter ou inciter. Toutefois, le principal élément moteur est constitué par les avis de la clientèle.