Intervention de Arnaud Montebourg

Réunion du jeudi 25 novembre 2021 à 11h00
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Arnaud Montebourg, entrepreneur, ancien député, ancien ministre de l'Économie, du redressement productif et du numérique :

J'étais parlementaire lorsque les deux lois instituant les 35 heures ont été votées. La première loi n° 98-461 du 13 juin 1998 d'orientation et d'incitation relative à la réduction du temps de travail sur les grandes entreprises a été assimilée. La seconde loi n° 2000-37 du 19 janvier 2000 relative à la réduction négociée du temps de travail concernant de plus petites entreprises a été plus difficile à intégrer, car elle nécessitait de trouver des quarts de temps sur des effectifs réduits.

Cette loi a eu trois conséquences : la flexibilisation, l'annualisation et la modération salariale. Dans les usines à cadence, les gains de productivité ont été importants. En conséquence, les conditions de travail se sont dégradées. Dans mon ancienne circonscription, les usines agroalimentaires qui comptaient beaucoup d'emplois ont connu une multiplication par trois de la productivité. Toutefois, les salaires n'ont pas augmenté et les salariés considéraient que le tort en revenait à la loi sur les 35 heures. Une partie de la classe ouvrière a fait savoir qu'elle avait besoin de ces augmentations de salaire. Pourtant, la modération salariale est la variable qui a permis de rendre possible cette évolution qui, en soi, constitue un progrès même si elle a profité davantage aux cadres.

La question des 32 heures arrive aujourd'hui en débat en Espagne où les bas salaires ont bénéficié d'une augmentation de 27 % en cinq ans. La question d'une contrepartie se pose et selon moi, il s'agit de la modération salariale. Dans la grave crise de pouvoir d'achat que traverse le pays, ce sujet heurte la grande masse de la population qui n'arrive plus à vivre de son travail. Parmi les causes d'une telle situation, nous pouvons évoquer l'augmentation des prix de l'énergie, de l'alimentaire et la stagnation des salaires (le point d'indice des fonctionnaires est gelé depuis onze ans).

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