Dassault Systèmes est un champion mondial du numérique, né en France il y a 40 ans. Son histoire s'est construite et continue de se construire sur l'industrie, et notamment l'industrie du futur, dans tous les secteurs et dans le monde entier. Nous intervenons aujourd'hui en tant que Dassault Systèmes et en tant que membre créateur de l'AIF.
Nos univers virtuels permettent d'inventer l'industrie du futur et de créer les nouveaux produits du XXIe siècle en rapprochant différents métiers. Nous n'achetons plus des voitures, mais des « expériences de mobilité ». Un produit mobilise le territoire avec des infrastructures, des services et des opérateurs de maintenance. Cette coordination amène à une complexité nouvelle, car il n'est plus possible de séparer la filière mécanique, électronique, chimie ou biologie. L'AIF a engagé l'hybridation de ces filières depuis plusieurs années, grâce à des approches plateformes et par les univers virtuels. Il ne s'agit pas de relancer l'industrie du passé. C'est le point central de notre réflexion. Nous ne souhaitons pas seulement réindustrialiser, mais faire renaître une industrie nouvelle pour laquelle la France dispose d'atouts majeurs pour se positionner de façon unique dans la décennie à venir, dans un contexte où se posent de nouvelles exigences vis-à-vis de la société, de l'écologie et du numérique. La caractéristique économique du XXIe siècle est l'entrée dans l'économie de l'expérience. Cette économie reste mal comprise à la fois par la science économique et plus largement par la société et l'action publique. L'expérience est au cœur de la valeur produite avec de nouvelles lois : les distances et les temps sont réduits à zéro tandis que la connexité entre les personnes au niveau mondial est devenue une réalité. Les possibilités tendent de plus en plus vers l'infini.
L'industrie doit donc se repositionner dans ces nouvelles lois économiques afin d'imaginer la valeur attendue par les citoyens, les patients et les consommateurs. Les nouvelles lois économiques doivent encore être découvertes et formulées. La valeur du virtuel a dépassé la valeur des produits réels : par exemple, le poids de Wikipédia dans le PIB mondial s'élève à environ 100 millions de dollars. L'impact économique de Wikipédia en matière d'accélération, d'apprentissage, de découvertes, de recherche scientifique et technique, et d'appropriation au sein des métiers est au moins 1000 fois supérieur à cette somme. La science économique peine encore à décrire cette valeur nouvelle.
Les orientations de l'action publique doivent imaginer ce que signifie cette dimension virtuelle. Dans le monde de la santé, nous restons concentrés sur les industries existantes comme celles du médicament et du dispositif médical. Elles possèdent de réels enjeux de transformation de compétitivité, mais il faudrait également créer des services orientés sur la santé des personnes. La difficulté est d'intégrer entre eux des produits dans une expérience de soin au sein d'un territoire. L'industrie nouvelle est celle qui fait coopérer différentes dimensions, comme l'organisation du soin, les structures et les personnes dotées des compétences. La filière santé n'est pas l'industrie du médicament ou du dispositif médical mais inclut des acteurs publics et privés. L'AIF dépasse les silos entre les filières traditionnelles et entre les acteurs publics et privés. Le service apporté aux citoyens doit intégrer ces éléments et également se situer dans un contexte de compétitivité mondiale.
L'innovation radicale reste présente. Dans la santé, nous imaginons avec Urgo le pansement du futur composé de peau régénérative qui constitue la meilleure façon de soigner une blessure. On pourrait mentionner d'autres domaines comme les matériaux générés à partir du vivant, l'avion bas carbone, les nouvelles énergies biosourcées ou les nouveaux modes d'alimentation et d'agriculture. La révolution de la santé est aussi une révolution industrielle qui va nous conduire à inventer l'industrie de demain en s'inspirant du vivant et en utilisant le vivant différemment.