Intervention de Nadia Salhi

Réunion du jeudi 25 novembre 2021 à 17h30
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Nadia Salhi, membre de la direction confédérale de la CGT :

Je rappelle que 80 % des principes actifs sont produits en Chine et en Inde. L'existence d'un label pour les médicaments est également évoquée et nous interroge. Concerne-t-il l'assemblage ? Les syndicats qui travaillent dans le secteur nous ont alertés sur le point suivant. Outre la fabrication à l'étranger des principes actifs, Sanofi envisage de filialiser une partie de son activité relative aux principes actifs. Or les filiales engendrent un risque de revente à moyen terme et d'une moindre maîtrise.

Concernant le prix du médicament, la prise en compte de critères sociaux ou environnementaux pour favoriser des productions plus locales est nécessaire. Toutefois, nous notons surtout que le prix est anormalement élevé et pénalise les comptes de la sécurité sociale. Il a été démontré que le prix de revient concernant la rentabilité molécule s'élève à 80 %. C'est un sujet sur lequel l'État français devrait se pencher. Nous avons eu une démonstration sur un médicament de Sanofi : le coût annuel pour la sécurité sociale s'élevait à plus de 300 millions d'euros. L'État français a décidé de regrouper plusieurs acteurs de l'industrie pharmaceutique il y a plusieurs années et de faire financer une partie du coût du médicament par la sécurité sociale, pour développer la filière et permettre aux citoyens d'être mieux soignés. Sanofi a été placé entre les mains du privé et il y a eu ensuite cette dérive. Il ne faudrait pas que le prix soit trop élevé par rapport au véritable coût de revient. Notons que les médicaments dans d'autres pays sont beaucoup moins chers.

Concernant l'automobile, de très graves conséquences pourraient être engendrées si aucune action majeure n'est entreprise. Des choix politiques ont été pris. Nous avons constaté des restructurations dans l'automobile dès l'annonce de l'échéance de suppression du diesel. Les salariés Bosch dans l'Aveyron ont voulu anticiper ce changement de modèle. Depuis cinq ans, ils n'ont obtenu de réponse ni de leur employeur ni des pouvoirs publics. Le syndicat n'a pu parvenir à établir une coopération avec les syndicats allemands sur cette question. Aujourd'hui, ces salariés risquent d'être confrontés à la perte de 500 emplois.

Avec le passage à l'électrique, des pièces seront toujours nécessaires pour fabriquer des automobiles. Sous le couvert du virage électrique, les constructeurs prétendent ne pas avoir d'autre choix que de se porter sur des productions étrangères, ce qui engendre des délocalisations. Il faudrait identifier les besoins en termes de technologies et de pièces afin d'évaluer les conséquences de ce virage de la propulsion thermique vers l'électrique. Nous pourrions alors connaître les vulnérabilités des entreprises françaises et chercher des moyens de les résoudre. Ce travail n'est pas mené actuellement. Les donneurs d'ordre se contentent de cesser de travailler avec certaines entreprises, ce qui entraîne de lourdes conséquences sociales.

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