Depuis mon entrée au Gouvernement, j'ai perçu une évolution dans la manière dont les régions pilotent le développement économique. Probablement s'agit-il des conséquences de l'avènement des grandes régions. Les équipes sont désormais constituées, et il y a aujourd'hui plus de répondant qu'il y a trois ans.
Néanmoins, le réflexe pavlovien de se tourner vers l'État central et vers Paris en cas de problème subsiste. Par exemple, au moment de la crise sanitaire, les fédérations du commerce et de l'artisanat ont fait appel à nous, et non aux régions. Quand nous leur avons répondu que cela ne relevait plus de la compétence de la direction générale des entreprises et que les équipes correspondantes n'existaient plus, il nous a été répliqué que ce n'était pas leur problème, que nous étions le ministère chargé de l'économie et que nous devions leur apporter une réponse. Bref, les acteurs territoriaux attendent une action de la part de l'État central.
Si l'on veut être efficace, il faut aussi travailler au niveau de la granularité, c'est-à-dire à l'échelle des communes et des agglomérations : pour tout ce qui est permis de construire, problème de voirie, connaissance du terrain, c'est là que ça se passe. Les régions sont très grandes, certaines ont la taille d'un pays européen, et leur action ne se situe pas au même niveau ; leur valeur ajoutée est de pouvoir composer des équipes compétentes et expérimentées, susceptibles d'accompagner les entreprises et de prêter un appui aux collectivités territoriales, par exemple en matière d'ingénierie, pour l'instruction d'un dossier de fonds propres, sur des questions d'urbanisme ou pour la passation d'un marché public. Une organisation efficace serait de partir de l'échelon de l'agglomération en s'appuyant sur la région, qui jouerait un rôle d'animation du développement économique, avec une articulation avec l'État, à travers par exemple la Team France Export et Business France. On a en effet besoin d'une connaissance nationale des projets et de privilégier les plus compétitifs : on ne va pas implanter des installations de production d'hydrogène bas-carbone de taille mondiale dans toutes les régions ! Certaines possèdent des atouts qui leur sont spécifiques ; une vallée européenne de la batterie électrique dans les Hauts-de-France, des pôles hydrogène bas-carbone en Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Occitanie, une implantation aéronautique en Occitanie et dans les Pays-de-la-Loire, l'agroalimentaire en Bretagne, la pharmacie dans la vallée de la Seine, tout cela a du sens. Tirons profit des atouts de chaque région et donnons-leur les moyens d'aller encore plus loin.