Intervention de François Salomé

Réunion du jeudi 17 septembre 2020 à 9h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

François Salomé, président de la Jeunesse ouvrière chrétienne :

Je représente ici la JOC, la Jeunesse ouvrière chrétienne, une association qui regroupe des jeunes des milieux ouvriers et des quartiers populaires. Cette association propose aux jeunes de 13 à 30 ans de vivre entre eux, par eux et pour eux.

À travers cette période de confinement qui nous a tous bouleversés, il était important pour nous de permettre aux jeunes de continuer à avoir des échanges malgré la distance, d'avoir des lieux où ils puissent sortir de leur isolement ou de leur situation difficile.

Cette période a été une épreuve pour beaucoup. Elle est venue perturber et parfois mettre en péril la vie des jeunes, en particulier celle des jeunes du milieu ouvrier et des quartiers populaires. Bien sûr, ils ne sont pas les seuls à avoir été affectés, mais leur situation habituellement précaire leur a fait prendre de plein fouet les changements liés au confinement.

Malgré les nombreuses difficultés, ce confinement a aussi été l'occasion de voir germer des lieux de parole et des actions de solidarité entre jeunes et entre les générations.

Je voudrais revenir sur la situation des jeunes en cours de scolarité ou d'études qui ont été touchés par l'arrêt des cours en présence et le travail à distance par des moyens informatiques. Cela a évidemment été mis en œuvre dans le souci de préserver le bien-être sanitaire de chacun. Malgré tout, cette gestion par l'informatique a isolé de nombreux jeunes et a créé un retard pour ceux qui n'ont pas accès à l'informatique. Cela a également révélé que de nombreux jeunes ne maîtrisent pas l'outil informatique. Certains se sont retrouvés complètement coupés des cours et ont été forcés de décrocher de leur scolarité. Cela a parfois aussi été l'occasion de voir émerger des réseaux d'entraide entre jeunes ou entre voisins.

Tout cela montre l'inégalité, encore actuelle, dans l'accès au numérique qui est à l'inverse de la représentation habituelle d'une jeunesse connectée. Selon une étude datant de 2016 de l'Observatoire des inégalités, 43 % des non-diplômés n'ont pas accès à Internet.

Durant cette période, dans les familles, beaucoup se sont retrouvés confinés à plusieurs, parfois à cinq ou six dans des logements de quelques dizaines de mètres carrés. L'organisation a été compliquée. Nombre d'entre eux sont retournés vivre en famille, avec des parents avec lesquels ils ne vivaient parfois plus depuis plusieurs années. Cela a parfois été source de tensions, parfois aussi source de ressourcement, en recréant du lien avec la famille, mais toujours avec la difficulté à trouver un espace personnel. Ce n'était pas possible dans toutes les familles ni dans tous les logements.

De nombreux examens et stages ont été reportés à cause du confinement, ce qui a généré un fort stress pour de nombreux jeunes, d'autant plus fort pour celles et ceux finissant un parcours et s'apprêtant à rentrer sur le marché du travail. Ainsi, Florine, une jeune de vingt ans, témoigne : « Je m'inquiète pour la validation de ma formation et l'examen, car une partie des épreuves n'auront sûrement pas lieu, comme pour tous les lycées professionnels. Cela m'inquiète, car il y aura probablement peu de recrutements dans un secteur en crise. »

Pour continuer sur la question de l'emploi, je ne surprendrai personne en annonçant que le confinement a eu un impact violent sur les travailleurs, les travailleuses et sur les personnes privées d'emploi. Il a beaucoup touché les jeunes du milieu ouvrier qui ont très souvent des emplois à court terme, précaires ou qui sont privés d'emploi. Les jeunes qui se retrouvent sans revenu sont directement touchés dans leur vie quotidienne, comme pour Manolo, à la recherche de missions d'intérim et ne sachant pas comment il pourra payer son loyer.

Le nombre de jeunes privés d'emploi explose, et les jeunes se trouvent dans une incertitude de plus en plus grande face à l'avenir. Avec la crise économique qui fait suite à ce confinement, le futur et la stabilité des jeunes sont menacés par les suppressions d'emploi, le ralentissement des embauches, la diminution des droits au chômage. Cette crise met en valeur les inégalités et les injustices dont souffrent les plus précaires.

Alors que la pauvreté des jeunes est un fait, que la chute du PIB au premier semestre 2020 est la plus forte enregistrée depuis 1949, nous devons agir pour permettre à chaque jeune d'avoir accès à la stabilité financière, pilier de l'autonomie.

À travers ce témoignage, la JOC milite pour une sortie de crise basée sur l'humain et non sur l'argent, parce que chaque jeune travailleur, chaque jeune travailleuse, chaque jeune vaut plus que tout l'or du monde.

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