Monsieur le député, vous avez mentionné l'exemple du Québec. Ce pays illustre effectivement les bonnes pratiques en matière de politique de jeunesse. Justement, pendant la crise du covid-19, le secrétariat d'État à la jeunesse (SAJ) a mis en place au Québec un fonds d'aide directe aux associations animées par des jeunes, le fonds Mille et UN. Ce fonds a notamment permis de donner très rapidement une aide financière à des associations qui souffraient de rupture de subventions. Elles ont pu bénéficier d'une aide allant jusqu'à 50 000 dollars. En France, d'autres mesures ont existé, pas spécifiquement pour les jeunes, mais il n'y a rien eu de similaire.
J'apprécie aussi un autre concept originaire du Québec : la persévérance scolaire. En France, nous parlons de décrochage scolaire, tandis que la persévérance scolaire est justement destinée à prévenir le décrochage scolaire, et ce, dès le plus jeune âge. Les Québécois s'en préoccupent dès la maternelle, et jusqu'à une sortie positive du système scolaire. Ce sont des concepts qu'il serait intéressant d'importer en France et de développer.
Le FFJ a proposé, durant la crise sanitaire, de créer un observatoire du décrochage scolaire. Ce fait est actuellement mal documenté. Les derniers chiffres disponibles remontent aux années 2014 ou 2015,et ces chiffres ne sont pas certains. Nous savons que, sous le quinquennat de François Hollande, le nombre de jeunes décrocheurs est passé sous la barre des 100 000 par an, mais nous n'avons pas vraiment de chiffres depuis. Des jeunes disparaissent des statistiques et sont impossibles à comptabiliser. Nous souhaitons donc un décompte plus précis de ces jeunes qui décrochent.
Quant à la pauvreté, ce sujet est très difficile à documenter. Les chiffres de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) qui sont parus il y a deux semaines portaient sur l'année 2018. Documenter la situation des six derniers mois chez les jeunes est vraiment compliqué. Il faut passer par d'autres canaux, comme les chiffres de l'aide alimentaire. C'est un faisceau d'indices. Notre proposition de solution est le RSA, plutôt qu'un revenu de base.
Sur le service civique, nous assistons à un changement d'échelle inédit avec l'augmentation du nombre de contrats de 100 000 pour les huit prochains mois. C'est une bonne nouvelle, mais il faut se rappeler que le service civique est un moyen de s'engager, pas un moyen de s'insérer professionnellement. Il faut faire attention à la qualité des missions, lutter contre les emplois déguisés et faire en sorte que ces missions soient bien bénéfiques pour les jeunes. Il faut qu'elles leur permettent de s'insérer de manière générale dans la société, pas spécifiquement dans la vie professionnelle.