S'agissant en premier lieu des questions sociales, nous relevons une augmentation de la précarité étudiante. Ce n'est pas un fait nouveau puisque nous le constatons depuis quelques années, mais la crise sanitaire a accentué cette situation. Chaque année, l'UNEF constitue un dossier relatif au coût de la rentrée et au coût de la vie pour les étudiants et les étudiantes. Cette année, il relève une augmentation de 3,69 % de ces coûts. Cette augmentation est continue depuis plusieurs années, mais elle cumule le coût des frais liés à la crise sanitaire que nous connaissons toutes et tous et qui engendre des frais supplémentaires. L'achat des masques, notamment, représente un budget important d'au moins deux cents euros puisqu'il faut le renouveler plusieurs fois par jour. En outre, l'utilisation de masques en tissu nécessite de disposer d'un stock de plusieurs masques par semaine.
Au-delà, la question de l'emploi et du salariat des jeunes est prégnante. Bon nombre d'entre eux n'ont pas pu travailler pendant le confinement, ce qui a pénalisé leur revenu. Pour autant, ils devaient continuer à payer leur loyer et leurs diverses charges sans toucher de salaire. Cette situation s'est avérée complexe. Parallèlement, le « Plan Jeunes », annoncé par le Gouvernement, ne répond pas à une politique de jeunesse suffisante, à notre sens. En effet, en 2019 et selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), le chômage des jeunes s'élevait déjà à 19,6 % et nous examinerons les chiffres pour 2020. Nous sollicitons donc le rétablissement de l'aide à la recherche du premier emploi (ARPE) qui constitue un moyen d'accompagnement des jeunes à l'issue de leurs études.
La question du logement est également complexe en cette rentrée universitaire qui voit arriver un plus grand nombre de bacheliers et de bachelières, ce dont nous nous réjouissons. De fait, les étudiants et les étudiantes qui entrent dans l'enseignement supérieur sont beaucoup plus nombreux. Ce constat induit une pénurie de logements. Les Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (CROUS) ne peuvent même plus accueillir l'ensemble des étudiants boursiers, même à un échelon élevé. Les cités universitaires ne disposent pas de suffisamment de places, et nous le regrettons. Il s'avère nécessaire d'investir et de soutenir le réseau des œuvres que représente le CROUS.
Ensuite, nous constatons que des étudiants et des étudiantes renoncent aux soins, faute de moyens financiers. Un accompagnement s'impose. Actuellement, le régime de sécurité sociale pour les étudiants n'existe plus, et nous le regrettons. Pourtant, il était adapté à nos besoins et proposait des tarifs plus accessibles que les autres régimes. Néanmoins, il s'avère nécessaire d'accompagner les jeunes et la santé des jeunes et de faire en sorte qu'aucun jeune ne renonce aux soins faute de moyens financiers.
Par ailleurs, la santé mentale n'est pas souvent évoquée. Elle est pourtant primordiale puisque certains jeunes se sont retrouvés en situation de rupture familiale, accentuée par l'obligation de confinement. Je pense notamment aux jeunes victimes de discrimination, tels que les Lesbiennes, Gays, Bisexuelles, Transgenres, Queer, Intersexes et autres (LGBTQI+) qui, en rupture familiale au moment du confinement, ont été obligés de trouver un hébergement chez des amis. Les CROUS ont parfois été contraints de débloquer des logements d'urgence afin d'accueillir ces jeunes. Il conviendrait de mettre en place davantage de moyens afin de répondre à cette problématique qui constitue malheureusement une réalité.
Enfin, la rentrée universitaire est un peu cacophonique dans certains établissements. Nous considérons qu'elle a été mal préparée, sur des annonces extrêmement tardives, laissant les établissements universitaires organiser leur rentrée en fonction de ce qu'ils jugeaient être le mieux pour leurs étudiants et leurs étudiantes. Le cadrage national établi par la circulaire nous paraît beaucoup trop flou. Les organisations des établissements s'avèrent dès lors très hétérogènes. Certains font le choix du tout présentiel ; faute de moyens, certains optent pour une organisation hybride. Les amphithéâtres sont bondés et chaque année, nous alertons sur cette situation. Je vous invite à vous rendre sur les réseaux sociaux et à constater que de nombreux étudiants ne trouvant pas de place assise pour suivre leurs cours, prennent place sur les escaliers ou restent debout, au fond de l'amphithéâtre. Cette situation est également constatée lors des travaux dirigés qui sont censés se dérouler en groupes moins importants. Le nombre d'étudiants ne devrait pas dépasser 30 personnes et ces groupes sont souvent constitués de plus de 40 à 50 personnes, ce qui pose des problèmes. Je vous laisse donc imaginer le casse-tête que constitue le respect des distanciations sociales pour les établissements. Cette réalité est prégnante et nous alertons sur la nécessité de dédoubler les classes et, par là même, d'augmenter le nombre de titularisations de contractuels. Il convient également de mettre davantage de moyens à la disposition des établissements, qui ne peuvent pas pousser leurs murs, de sorte qu'ils identifient des solutions alternatives, voire qu'ils construisent de nouveaux bâtiments. Selon nous, la situation actuelle résulte d'un sous-financement de l'enseignement supérieur qui perdure depuis de nombreuses années. La crise sanitaire cristallise cette situation.
J'en terminerai avec la question des moyens attribués aux étudiants afin qu'ils se protègent du Covid-19, notamment les masques. Les établissements universitaires fournissent des masques à leurs personnels, aux administratifs, parce que la loi l'impose, mais ils n'en distribuent pas aux usagers, faute de cadrage et d'obligation légale. Dans le meilleur des cas, les établissements fournissent un masque réutilisable dans le sac de rentrée distribué aux étudiants et aux étudiantes. Cette dotation est largement insuffisante. A notre sens, la fourniture de masques ne relève pas de la responsabilité des établissements universitaires, qui manquent déjà de moyens, mais de celle de l'État.
Enfin, 10 000 places étudiantes doivent être créées dans les universités. Nous serons vigilants quant aux moyens associés, notamment le nombre de professeurs, sujets sur lesquels nous ne disposons d'aucune réponse à ce jour.