Intervention de Jacques Smith

Réunion du jeudi 17 septembre 2020 à 11h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Jacques Smith, délégué national de l'Union nationale-interuniversitaire (UNI) :

Les étudiants qui ont passé le baccalauréat cette année arrivent dans les universités avec un diplôme bradé. Les dispositions prises pour cet examen ont conduit à un nivellement par le bas. Chaque année, le taux de réussite augmentait de plus de 2 %. Entre 2019 et 2020, il est passé de 89 % à 96 %, ce qui signifie qu'on a confondu égalité des chances et égalitarisme. Malheureusement, nous avons assisté à un égalitarisme et à un nivellement forcené par le bas. Dès lors, ce constat pénalisera non seulement les nouveaux arrivants à l'université, mais également l'ensemble des étudiants des établissements d'enseignement supérieur qui subissaient déjà une surcharge des amphithéâtres qui sera encore accrue cette année. Ce nivellement par le bas est la conséquence d'une idéologie que nous connaissons tous. Il apparaît nécessaire de réhabiliter la notion de mérite, ainsi que je l'ai évoqué précédemment.

La situation étant ce qu'elle est, que pouvons-nous faire ? La mise en place de tutorats serait en effet pertinente ainsi que la création de cours de soutien pour ces étudiants qui n'auront pas le niveau suffisant pour suivre. Ils devront déjà, d'une part, s'adapter au niveau académique des universités, en sachant que, d'autre part, au moins 50 % de leurs formations seront dispensés à distance. L'UNI estime que cette situation conduira fatalement à un échec de masse en fin d'année. Il est primordial que le ministère et les pouvoirs publics accompagnent les établissements d'enseignement supérieur dans la mise en place de cellules, de tutorats, de cours de soutien, etc. Quelle que soit l'appellation de ces dispositifs, ils sont absolument indispensables.

La question de l'orientation est également prégnante (APB, Parcours Sup, etc.). Il est nécessaire d'améliorer l'orientation des étudiants qui arrivent dans l'enseignement supérieur. Cette année particulière pourrait fournir l'occasion de revoir ces algorithmes. Il conviendrait d'une part de réaliser une sélection plus fine dès l'entrée dans l'enseignement supérieur et d'autre part, et surtout, d'effectuer une meilleure orientation des étudiants. Il est tout à fait anormal que des élèves ayant obtenu la note de 5 au baccalauréat de mathématiques se retrouvent en faculté de mathématiques. L'orientation des élèves doit être réalisée en fonction de leurs résultats et l'entrée en faculté de mathématiques doit être subordonnée au niveau de l'élève dans cette matière. Quelle que soit la liberté de choix laissée aux étudiants, il n'est pas normal de constater de telles déficiences dans l'orientation des élèves vers une première année d'enseignement supérieur. Il est donc important que le ministère revoie les algorithmes de Parcours Sup de sorte qu'il ne soit pas possible qu'un élève intègre une faculté de mathématiques s'il a obtenu la note de 5 au baccalauréat, par exemple.

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