Intervention de Maryam Pougetoux

Réunion du jeudi 17 septembre 2020 à 11h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Maryam Pougetoux, vice-présidente en charge des questions universitaires et des questions de jeunesse à l'Union nationale des étudiants de France (UNEF) :

Le panel de vos questions est varié et je vous en remercie.

La situation des étudiants étrangers et étrangères est très spécifique, ne serait-ce notamment que parce que leurs frais d'inscription dans l'enseignement supérieur sont beaucoup plus élevés que ceux des étudiants français (2 500 euros, voire 3 000 euros pour celles et ceux qui suivent un master).

L'UNEF réclame un guichet unique dans chaque établissement universitaire qui constituerait un relais entre les étudiants étrangers et les pouvoirs publics. En effet, l'obtention d'un renouvellement de titre de séjour auprès des préfectures relève du casse-tête pour les étudiants étrangers. L'université de Paris 8 disposait d'un guichet unique, mais nous venons malheureusement d'apprendre que la convention signée entre l'établissement et la préfecture a été rompue. Le guichet unique de Paris 8 n'existe donc plus cette année, et nous le regrettons vivement. Pourtant, ce dispositif constitue un moyen d'accompagnement des étudiants et étudiantes étrangers dans leurs démarches. Nous évoquons souvent la triple précarité à laquelle doit faire face cette population, cumulant les problèmes administratifs, sociaux, pédagogiques et universitaires.

Je vais tenter de répondre à la question relative à la prévention, posée par le député qui a dû s'absenter. Il serait nécessaire d'aider et d'accompagner financièrement les associations spécialisées dans les problématiques de prévention. Une prévention portée par les pairs serait plus efficace que la multiplication des affiches alertant sur les risques et les préconisations de sécurité. Je pense, dans ce cadre, aux mutuelles étudiantes, aux associations spécialisées qui constitueraient, selon nous, les meilleurs relais de prévention.

Par ailleurs, la question des missions Handicap est très prégnante dans les établissements universitaires. Le plus souvent, elles ne disposent pas d'un nombre suffisant de personnels pour accueillir les personnes qui en auraient besoin.

En outre, lors du confinement, les tiers-temps attribués à certains étudiants en situation de handicap n'ont souvent pas été respectés et ces étudiants ont dû rendre leurs devoirs en même temps que les autres alors que, normalement, ils bénéficient d'un délai supplémentaire. Ce fonctionnement n'a pas concerné la totalité des établissements. C'est pourquoi nous vous alertons sur cette situation à géométrie variable et nous insistons sur la nécessité d'un cadrage efficace du respect des droits des étudiants qui ne peuvent en aucun cas être remis en cause par la crise sanitaire.

L'utilisation de la CVEC nécessite davantage de transparence et l'établissement d'un bilan annuel. En effet, le budget issu de cette taxe est réparti entre les établissements universitaires et les CROUS. Nous souhaiterions savoir de quelle manière il est utilisé au profit des étudiants et des étudiantes, car il n'a pas vocation à financer la rénovation de bâtiments universitaires ou autres. Ces fonds sont destinés à financer un accompagnement des étudiants dans l'animation de la vie des campus.

Ensuite, la solidarité qui s'est manifestée et l'engagement dont les étudiants ont fait preuve constituent un « bon point » de cette crise sanitaire. Les étudiants et les étudiantes ont fait en sorte de s'entraider non seulement sur les questions universitaires, mais également dans des problématiques sociales (colocations, hébergements ponctuels, aides alimentaires, etc.). Malheureusement, cette entraide n'a bénéficié d'aucun accompagnement, notamment financier, de la part de l'État, et nous le déplorons.

S'agissant de la question d'une précarité prépondérante chez les étudiantes, l'UNEF a publié, en juin 2020, un dossier consacré à la question de la discrimination dans l'enseignement supérieur qui comporte plusieurs volets et j'ai collaboré à sa rédaction. Nous avons constaté que 8,5 % des établissements universitaires seulement proposent une distribution gratuite de protections périodiques sur les campus alors que le besoin est avéré. En effet, il s'agit d'une dépense annuelle incompressible pour les étudiantes. Si elles n'ont pas les moyens financiers de s'en procurer, elles ne peuvent pas aller en cours. C'est une réalité dont il importe de tenir compte en mettant en place des distributeurs de protections périodiques gratuites qui soient respectueuses tout à la fois de la santé des étudiantes et de l'environnement.

Enfin, nous souhaiterions disposer du rapport consacré aux dépenses du CROUS. Au-delà, il est effectivement nécessaire de construire de nouveaux logements étudiants, voire de rénover les plus anciens. Nous avons peu évoqué les questions environnementales. Il est cependant important que les nouveaux logements répondent aux normes environnementales actuellement en vigueur, ce qui générerait également un gain financier pour les étudiantes et les étudiantes en diminuant le coût énergétique de leur habitation.

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