Intervention de Christophe Delacourt

Réunion du jeudi 24 septembre 2020 à 9h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Christophe Delacourt, président de la Société française de pédiatrie :

La situation épidémique au printemps imposait de déprogrammer toutes les actions concernant les enfants souffrant de maladies chroniques, afin que du personnel puisse être mobilisé dans la prise en charge des adultes. Je rappelle qu'en Ile-de-France, le nombre de lits de réanimation a été multiplié par deux par rapport à l'existant. Du personnel était indispensable pour prendre en charge ces patients en réanimation adulte, mais également pour renforcer les équipes des services de gériatrie, qui ont été très durement touchés. Nous étions donc face à une obligation de santé publique à mobiliser du personnel.

Je suis directeur du département médico-universitaire de médecine de l'enfant et de l'adolescent à l'hôpital Necker, qui regroupe huit services de pédiatrie. Cinquante de nos infirmières sont parties dans des services adultes. Face à cet effort considérable, nous ne pouvions pas continuer à prendre en charge ces enfants. De plus, dans les quelques services qui ont continué d'assurer la prise en charge, les familles ne voulaient pas se rendre à l'hôpital. Il existait un obstacle psychologique majeur au fait de se déplacer dans cette situation épidémique.

Le contexte est différent aujourd'hui. Le virus circule toujours et une augmentation des hospitalisations et des admissions en réanimation se manifeste, toutefois l'hôpital ne se trouve pas au même niveau de pression qu'au printemps. L'objectif consiste donc à maintenir la prise en charge des maladies chroniques en présentiel, avec des hôpitaux de jour et des consultations tant que faire se peut, car nous devrons nous adapter à une éventuelle augmentation de la pression sur l'hôpital.

La téléconsultation en pédiatrie mériterait vraiment d'être évaluée ; nous sommes sortis du confinement en estimant que nous avions connu une magnifique expérience de la téléconsultation. Avec un certain nombre de familles, l'évaluation et la surveillance sont possibles par la téléconsultation. Nous nous étions fixé l'objectif de maintenir une proportion de 10 à 20 % de nos consultations en téléconsultation. Or, nous observons aujourd'hui qu'en pédiatrie, tous les médecins ont repris les consultations en présentiel et aucun n'a conservé un service de téléconsultation. Je ne sais pas quelle est l'expérience en médecine adulte, mais je pense qu'en pédiatrie, le contact avec les parents et avec l'enfant, cette relation tout à fait particulière à la pédiatrie, est peut-être plus difficile à obtenir en téléconsultation, où souvent seuls les parents sont consultés. En tout cas, j'observe qu'aucun de mes collègues à l'hôpital Necker n'a poursuivi la téléconsultation de façon significative.

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