Intervention de Pierre Suesser

Réunion du jeudi 24 septembre 2020 à 9h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Pierre Suesser, co-président du Syndicat national des médecins de Protection maternelle et infantile :

Pour compléter ce que viennent d'exposer mes collègues, sur la téléconsultation, je ne suis pas en mesure de décrire ce qui s'est passé dans les services de PMI. Je suppose que la plupart ne sont pas vraiment équipés pour ce genre de pratique. Nous commençons néanmoins à en discuter pour évaluer ce qui pourrait être réalisé dans ce sens. Les services de PMI ont plutôt fonctionné en accueillant les enfants en consultation lorsque c'était possible et avec un important travail réalisé par téléphone par les puéricultrices.

Toutefois, par rapport au mois de mars, un effet de sidération s'est produit pour les services de PMI, car un certain nombre de collectivités départementales ont fermé leurs services du jour au lendemain. Nous avons noté dans l'enquête que lorsqu'un médecin-chef de PMI a toute sa place dans l'organigramme, lorsqu'il est reconnu dans ses missions par les élus et l'administration, le fonctionnement a été plus probant que dans d'autres départements où le service de PMI a été déstructuré et n'a plus qu'une organisation horizontale. Dans ces cas, la hiérarchie du service n'avait pas la même vision et les mêmes priorités. Cela renvoie donc à une discussion sur la place des professionnels de PMI en tant que professionnels de santé au sein des collectivités.

J'ai la chance de travailler dans une collectivité qui a maintenu toute sa place au service de PMI, et j'évoquerai à cet égard nos interventions auprès des camps de Roms. L'organisation de la PMI dans les départements est en difficulté et il s'agit d'un problème plus généralement lié à la façon dont l'Etat intervient auprès des départements pour les inciter à respecter la loi. En effet, de nombreux départements ne la respectent pas et même lorsque des tribunaux administratifs se prononcent pour reconstituer un service de PMI, les collectivités n'y donnent pas toujours suite. Il s'agit d'un problème de fonctionnement de la République qui se trouve hors du champ de notre discussion de ce matin.

Nous ne sommes plus du tout dans cette situation de sidération. Lors du confinement, dans notre département, un seul centre de PMI a été maintenu ouvert par ville, pour un nombre habituel de trois, quatre ou cinq centres selon les villes. Nous avions regroupé les activités dites prioritaires sur un seul centre. Je pense que nous ne réagirions plus du tout de la sorte aujourd'hui. Nous avons commencé à discuter d'un plan de continuité de l'activité au cas où l'épidémie se développerait encore davantage, et nous n'envisageons plus de n'ouvrir qu'un seul centre, mais plutôt de nous efforcer de maintenir l'activité autant que possible.

En Seine-Saint-Denis, nous avons par exemple comparé nos statistiques de vaccination en 2019 et 2020 et avons constaté une chute de 15 à 30 % des vaccinations, selon les vaccins. Nous sommes donc parvenus à maintenir un assez bon niveau de vaccination. En outre, nous avons noté que peu de familles refusaient de se rendre à la PMI parce qu'elles avaient peur de sortir.

Pour évoquer l'intervention du service de PMI de Seine-Saint-Denis auprès des camps de Roms, celui-ci est en train de monter une équipe mobile regroupant des sages-femmes, des puéricultrices, des assistantes sociales et des médecins pour intervenir directement dans les camps, en complétant l'action de longue date de Médecins du monde et de Pédiatres du monde. Auparavant, la PMI n'intervenait pas en équipe dans ces camps mais plutôt sous forme d'interventions individuelles. Il m'est difficile de vous décrire les effets spécifiques du confinement auprès de cette population. Nous pouvons imaginer qu'ils ont été délétères, mais nous ne disposons d'aucune donnée sur ce sujet.

J'ai évoqué la misère de la PMI, mais j'ignore ce qu'il convient de dire à propos de l'extrême misère de la santé scolaire. Des rapports se suivent et se ressemblent. Je pense que certains ont été établis par des députés. Malgré tout, aucune évolution n'est à signaler depuis bien des années. Nous ne savons plus quel discours tenir face aux gouvernants sur ce sujet. Il est certain que le développement des services de santé scolaire est absolument indispensable, à travers des équipes pluridisciplinaires proches de celles existant en PMI. Il s'agit d'un autre enjeu global.

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