Intervention de Christophe Delacourt

Réunion du jeudi 24 septembre 2020 à 9h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Christophe Delacourt, président de la Société française de pédiatrie :

Le terme « maladie de Kawasaki » désigne une maladie bien identifiée. Le phénomène qui a été observé ressemble à cette maladie. Il est désigné par le terme de « syndrome inflammatoire multi-systémique ». Il s'agit d'une réponse inflammatoire exagérée de l'organisme dont l'atteinte première est une myocardite.

Le dernier bulletin de Santé publique France fait état de 190 cas, tandis que quelques-uns se sont ajoutés pendant l'été. Nous pouvons considérer qu'environ 200 enfants ont été touchés par ce syndrome, avec un lien épidémique clair puisque la vague de ces syndromes a suivi la vague épidémique. La moitié de ces enfants a clairement été infectée par le covid-19, puisqu'ils ont présenté un PCR ou une sérologie positifs. Un quart a été qualifié de cas covid probables, puisqu'il n'existait pas de résultat de test positif mais un lien de contact certain avec une personne infectée par le covid. Au final, la preuve d'un lien direct ou indirect avec le covid existe donc pour une proportion importante de ces enfants.

Il s'agit de symptômes très aigus et l'ensemble de ces enfants a été admis en réanimation en raison de l'atteinte cardiaque. Un seul est décédé, et il s'agissait d'un des tout premiers cas. Je ne connais pas le détail de cet événement et j'ignore si une prise en charge non adaptée a pu se produire. Néanmoins, à partir du moment où la reconnaissance du diagnostic a été avérée, tous ces enfants ont parfaitement évolué dans les jours qui ont suivi.

L'effectif total de 200 enfants touchés reste très faible dans la mesure où nous estimons aujourd'hui la population d'enfants infectés par le covid à 3 % où 4 %. Nous avons donc considéré, à l'instar des sociétés savantes des autres pays, que ce syndrome ne remettait pas en cause la réouverture des écoles.

Les adolescents constituent un sujet de préoccupation important, car la baisse des consultations enregistrée aux urgences concerne également les consultations habituelles d'adolescents pour tentative de suicide, crise d'anxiété ou idées noires. Le printemps est une période où ce type de consultation est fréquent en temps normal. Ces consultations n'ont pas repris immédiatement après le confinement, mais elles reprennent plutôt en ce moment. Il existe peu de littérature sur ce sujet. Une enquête réalisée dans un pays européen sur le rebond d'intoxications alcooliques post-confinement chez les adolescents démontre clairement une augmentation de cette conduite à risques. La santé des adolescents à la sortie du confinement constitue donc un véritable sujet, malheureusement très peu documenté.

Au sujet des parents, nous avons reçu énormément d'appels ou d'e-mails de parents dont l'enfant était suivi pour une maladie chronique. Très curieusement, la plupart de ces demandes avaient trait à une volonté de surprotection de ces enfants. A la sortie du confinement, nombre de parents ont fortement insisté pour obtenir un certificat de non-reprise de l'école. Nous avons donc dû mener un travail pédagogique qui s'est avéré chronophage.

Enfin, si la documentation manque sur les effets du confinement, elle est en revanche abondante concernant les effets délétères de l'arrêt de l'école sur les enfants, aussi bien sur le plan éducatif que sur l'ensemble des autres aspects : sociaux, nutritionnels, etc. Avec les petits déjeuners délivrés dans les écoles et la campagne de la cantine à un euro, un nombre important de repas a été distribué aux enfants. Pendant deux mois, ces repas n'ont pas pu être distribués. Ont-ils été compensés par autant de repas dans les familles ? Ce n'est probablement pas le cas pour tous les enfants. Nous pouvons donc être totalement convaincus que la pire des situations pour les enfants est de ne pas aller à l'école.

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