Intervention de Pierre Suesser

Réunion du jeudi 24 septembre 2020 à 9h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Pierre Suesser, co-président du Syndicat national des médecins de Protection maternelle et infantile :

Pour vous répondre sur l'organisation de la PMI en cas de nouvelle crise, une de vos collègues, Michèle Peyron, a réalisé il y a un an un rapport intitulé « Pour sauver la PMI, il faut agir maintenant ». Ce rapport contient de nombreux constats et préconisations. Si vous me demandiez si la PMI a été à la hauteur de ses missions, je serais en peine de vous dire qu'elle l'a été partout. Encore faut-il comprendre les raisons de ce constat.

Pour vous donner un exemple, j'ai été en contact très régulièrement avec le cabinet de M. Taquet pendant le confinement et nous ne sommes pas parvenus, en deux mois, à obtenir que sur le site du ministère de la Santé, figure de façon accessible l'ensemble des coordonnées des services de PMI de France et de Navarre. Quoiqu'anecdotique, cela illustre la situation.

Mme Peyron avait constaté qu'en dix ans, les services de PMI avaient perdu 100 millions d'euros de budget sur 400 millions, soit 25 %. Elle a donc préconisé qu'en trois ans, 100 millions d'euros soient réaffectés, soit 0,01 % de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie (ONDAM). Pour l'instant, le gouvernement a débloqué 15 millions d'euros pour l'année 2020.

Dans certains départements, les médecins de PMI se sont battus face à leur administration pour rouvrir les consultations. J'espère que des leçons pourront être tirées afin que les services de PMI soient davantage en capacité de répondre à la demande de soins préventifs dans la période à venir. Toutefois, sans une gouvernance conjointe des autorités nationales et des collectivités locales du dispositif de PMI, il sera difficile de remonter la pente et d'être à la hauteur des missions qui nous sont dévolues.

Il en est de même du côté des agences régionales de santé (ARS) : certains collègues ne se sont pas du tout sentis reconnus par les ARS lorsqu'ils ont demandé des masques et du gel hydroalcoolique. Certaines équipes de PMI ont été paralysées par ces difficultés. Même si je ne devrais pas le dire, je pense que des situations que certains qualifieraient d'insubordination se sont produites, où des consultations ont été ouvertes en dépit des consignes données par le département. Ces éléments vous renseignent sur l'état de profonde crise du dispositif de PMI.

Sur l'école, je crois que l'ensemble des médecins qui s'occupent d'enfants et des professionnels de la santé de l'enfance, dont les psychologues, sont unanimes sur le fait que les enfants ont besoin de pouvoir continuer d'aller à l'école ou en structure d'accueil quoi qu'il arrive. Ils ont besoin de continuer à mener une vie sociale d'enfant, qui ne se résume pas à la vie au domicile, aussi riche soit-elle.

Je souhaite ajouter une remarque au sujet de l'accueil des mères qui ont accouché pendant le confinement. Nous avons tenté de nous tenir à leur disposition le plus possible. Il s'agit majoritairement du travail des puéricultrices et en partie des sages-femmes qui interviennent en PMI. Certains départements autorisaient des visites à domicile tandis que d'autres l'interdisaient, mais de nombreux contacts téléphoniques ont été possibles avec les jeunes mères. Même si ce support n'est pas idéal, il a constitué une aide importante. Dans les départements qui disposent de psychologues, ceux-ci ont maintenu le contact avec les familles qu'ils sentaient les plus en détresse. Le bénéfice de ces actions a été vraiment ressenti pour les familles, qui n'ont pas été laissées seules face à leurs questionnements.

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