Intervention de Stéphanie Bioulac

Réunion du jeudi 24 septembre 2020 à 10h45
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Stéphanie Bioulac, praticienne hospitalière, cheffe de l'unité de prise en charge du sommeil de l'enfant au sein du service universitaire de médecine du sommeil du CHU de Bordeaux :

La question des rythmes scolaires a été posée à de nombreuses reprises et dépasse largement le cadre de la pandémie. D'un point de vue physiologique, les données sont claires. De nombreuses études scientifiques de chronobiologistes ont démontré qu'uniquement en faisant débuter les cours une heure plus tard à l'adolescence, on améliore les résultats scolaires ; c'est automatique. Peut-être cette pandémie peut-elle servir à prendre conscience de telles données importantes.

La question de la parentalité est plus compliquée. Il n'y a pas de ligne de conduite, de mode d'emploi pour être parent. Parler de ses émotions, de ce qu'on ressent, est un travail qui devrait être fait de façon conjointe, à la maternelle et en primaire, entre les enseignants et les parents. C'est le cas au Canada, sur le thème de l'expression de ses émotions. Les éducateurs, les psychologues sont beaucoup plus présents au sein des écoles. On peut vraiment s'inspirer de cet exemple.

Ce que vous dites sur les rites de passage est effectivement très important. Je pense notamment que, même s'ils s'en remettront, il y aura une blessure chez les jeunes qui n'ont pas passé leur bac, les bons élèves comme les autres. On n'a pas du tout parlé de cet aspect du bac 2020, mais il est important de le prendre en considération. Peut-être que, le jour de l'entrée en faculté, il aurait fallu leur dire un petit mot, avoir envers eux une attention particulière.

Les outils de communication, l'apprentissage, beaucoup de choses sont disponibles sur le net. Mais le rôle de l'école, c'est aussi l'apprentissage social, vivre en dehors de chez soi, adopter un rythme. Et rien de cela n'est possible en dehors de l'école. De manière un peu caricaturale, je dis à mes patients souffrant de phobie scolaire qu'ils ne vont pas à l'école pour travailler. Je suis un peu provocatrice en disant cela, mais le rôle de l'école, vraiment, c'est la socialisation.

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