Intervention de André Altmeyer

Réunion du jeudi 1er octobre 2020 à 8h45
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

André Altmeyer, directeur général adjoint :

Les jeunes seront ravis, merci.

Nous sommes très heureux que les enfants et les jeunes soient inscrits de manière aussi forte à son agenda par la représentation nationale. Nous formulons des vœux pour que vos travaux permettent de développer, de renforcer des politiques publiques ambitieuses, à la hauteur des enjeux auxquels ces jeunes et ces familles sont confrontés, ainsi que nous-mêmes à leur service.

Je rappelle dans quel contexte nous agissons aujourd'hui. Apprentis d'Auteuil a effectivement une expérience inscrite dans l'histoire puisque nous avons été créés en 1866 et nous sommes devenus fondation reconnue d'utilité publique en 1929. Apprentis d'Auteuil accompagne actuellement 30 000 jeunes et 6 000 familles sur tout le territoire français, aussi bien en métropole que dans les Outre-mer. Nous avons 6 000 collaborateurs et 4 000 bénévoles qui se dédient à cet accompagnement.

Il est important de rappeler que nous agissons dans quatre grands champs d'activité. La protection de l'enfance réunit à peu près 30 % des jeunes que nous accompagnons. Nous intervenons dans la lutte contre le décrochage scolaire via nos établissements scolaires et nos internats éducatifs et scolaires. Ils sont proposés lorsque cela peut permettre aux jeunes de prendre du recul et à la famille de souffler. Nous intervenons également dans le champ du soutien à la parentalité avec des dispositifs tels que des crèches à vocation d'insertion professionnelle et des maisons des familles. Nous sommes évidemment très attentifs à honorer la responsabilité éducative première des parents, y compris dans le champ de la protection de l'enfance. Enfin, nous intervenons, de manière renforcée depuis quelques années, dans le champ de l'insertion sociale et professionnelle des jeunes à travers la voie de l'apprentissage, de la formation continue et des dispositifs favorisés notamment par le Plan d'investissement dans les compétences.

Nous sommes fortement présents dans les Outre-mer, à Mayotte, à La Réunion, en Martinique, en Guadeloupe et, de manière plus modeste, mais avec des perspectives de présence renforcée, en Guyane.

Si nous parlons des enfants et des jeunes, il nous paraît essentiel d'évoquer la situation de leurs familles. Puisque vous nous en offrez l'occasion, vous voudrions aussi leur donner la parole à travers nous. Nous capitaliserons pour notre part sur ce que nous avons vécu depuis début février puisque nous avons, par notre présence sur l'ensemble du territoire national, vécu les débuts de cette crise dans le Grand-Est en particulier. L'expérience compliquée de ces moments de début de confinement nous a beaucoup servi pour le reste de nos établissements.

Nous sommes engagés dans une démarche de relecture avec les jeunes, avec les familles, avec les collaborateurs et nous poursuivrons cette démarche jusqu'au mois de janvier. Nous souhaitons approfondir vraiment cette réflexion puisque nous considérons que l'impact est réel et durable. C'est le fil rouge du travail que nous menons actuellement avec les jeunes et cela nourrira notre réflexion stratégique. Il se trouve qu'Apprentis d'Auteuil entre dans la phase d'élaboration de son prochain projet stratégique. Cet élément sera très important.

Nous avons la chance que deux mamans accompagnées par Apprentis d'Auteuil soient présentes au Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE) pour porter la voix des familles. L'expérience que nous avons vécue, notamment à travers nos maisons des familles, nourrira donc les réflexions.

Je vous remets également ce travail : Le livre du Corona de A à Z, réalisé par les mamans et les accompagnants des maisons des familles, plus particulièrement celle de Grenoble.

Pour résumer, le soutien aux plus vulnérables nous paraît être une priorité. Tout ce qui peut aider ces publics les plus fragiles est, de notre point de vue, à développer. Je pense aux minima sociaux, au revenu de solidarité active (RSA) jeune pour lequel nous nous sommes engagés. Il nous semble que, dans le contexte actuel, abaisser l'âge du RSA jeune actif à 18 ans sous condition de ressources serait vraiment nécessaire pour éviter que des jeunes ne s'enfoncent dans la précarité. L'aide au logement, l'accès aux soins, l'accélération des procédures de régularisation et d'accueil en préfecture des mineurs non accompagnés (MNA) sont aussi pour nous des sujets extrêmement importants.

Le deuxième point est le besoin de reconnaissance des travailleurs sociaux. Apprentis d'Auteuil a pris l'initiative assez tôt de reconnaître de manière monétaire le travail qui avait été fait et a décidé de verser une prime, au début de la crise, à ses collaborateurs. Nous constatons que cette reconnaissance n'est pas présente sur l'ensemble du territoire. Elle est plus ou moins présente selon les départements, plus ou moins marquée, voire pas marquée du tout et les équipes le vivent de manière assez négative.

La complémentarité et le travail en synergie pour tous les sujets liés à l'enfance et à la jeunesse sont importants. Nous avons pu mesurer qu'une absence de concertation suffisante entre les ministères, entre les équipes qui travaillent dans le champ scolaire, dans le champ de la protection de l'enfance, dans le soutien à la parentalité… a pu être réellement préjudiciable.

Il faut également porter attention au numérique dans le cadre de la scolarité et du soutien à l'enseignement à distance. Nous avons vérifié, y compris chez nous, qu'un équipement insuffisant a pu être préjudiciable, mais c'est encore plus vrai dans les familles et pour les jeunes, en particulier dans les milieux ruraux, mais pas uniquement.

( Mme Pauline Spinas-Beydon prête serment. )

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