Intervention de André Altmeyer

Réunion du jeudi 1er octobre 2020 à 8h45
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

André Altmeyer, directeur général adjoint :

J'aimerais pouvoir vous répondre dès maintenant, mais nous sommes dans une phase d'écoute et, de manière tout à fait exceptionnelle, nous avons souhaité que cette phase d'écoute, sur la partie relecture de la crise du covid-19, se poursuive jusqu'au mois de janvier.

Nous prolongerons de plus notre phase d'écoute, en ne la menant pas uniquement en interne, mais en lançant une très vaste concertation au niveau national pour aller écouter la parole des jeunes, des familles et des différentes parties prenantes mobilisées par les questions de jeunesse et d'éducation. Nous voulons ainsi être capables d'identifier ce que sont les enjeux. Nous nous méfions de nous-mêmes au sens où nous saurions déjà, après seulement trois ou quatre mois, de quoi demain sera fait et, surtout, quelle est la réalité du besoin et de l'attente des jeunes et des familles.

Nous avons organisé la convention des cadres dirigeants d'Apprentis d'Auteuil au mois d'août dernier. Nous étions 120, dont 25 jeunes et parents. Nous avons réellement travaillé dans des logiques de ce que nous appelons à Apprentis d'Auteuil le « penser et agir ensemble ». Ce sont des logiques d'autonomisation. Nous avons été très marqués par la capacité réelle des jeunes et des parents à participer à parité avec les professionnels à des sujets de fond, à l'expression de ce qu'ils observent, de ce qu'ils vivent, de ce qu'ils attendent.

Le besoin de lien social est le premier point que jeunes et parents mettent en avant. Ils ont exprimé des besoins immédiats, des besoins de survie pour les familles qui ont été encore davantage précarisées par la crise. En particulier, nos maisons des familles se sont transformées pendant cette période pour s'adapter aux besoins alimentaires. Il a fallu aller faire les courses, apporter de la nourriture aux familles. Toutefois, ce qui est exprimé plus fondamentalement est un besoin de lien social.

J'ai présent à l'esprit le témoignage de Fadila, une maman d'une des maisons des familles qui participait à la convention cet été. Elle disait dans l'atelier auquel je participais, en parlant de la maison des familles : « Vous êtes les seuls qui, pendant toute la période de confinement, êtes venus prendre de mes nouvelles. Sinon, j'étais absolument isolée. » Il s'agit d'une maman de trois enfants. Le besoin de lien social est vraiment important, ainsi que le besoin d'être reconnu, et d'être reconnu dans ses capacités.

Le désir de contribution, de participation est réel. Le sentiment d'être insuffisamment écouté par celles et ceux qui, à tous les niveaux de notre société, doivent présider aux décisions impactant les jeunes et les familles, est assez fortement exprimé. C'est tellement vrai que les jeunes, à la fin de la convention, nous ont remerciés publiquement de les avoir inclus. Ils ont dit s'être vraiment sentis bien et nous ont demandé de leur donner la possibilité d'organiser une convention des jeunes à laquelle eux-mêmes nous inviteraient. Nous avons bien sûr répondu favorablement. C'est dire à quel point, si nous les prenons au sérieux, ils sont tout à fait capables d'apporter des réponses extrêmement profondes, pertinentes et concrètes.

Voilà l'essentiel de ce que nous avons pu recueillir jusqu'ici. Nous ferons le travail de façon très sérieuse et nous ne déciderons pas avant d'avoir écouté.

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