Apprentis d'Auteuil vit grâce à la générosité de ses donateurs, mais aussi grâce aux ressources que la puissance publique lui alloue, notamment dans le cadre des prix de journée définis établissement par établissement pour les presque 60 établissements de protection de l'enfance. Les financements publics assurent donc 60 % du financement global d'Apprentis d'Auteuil et la générosité des donateurs 40 %.
Aucun des deux ne nous a fait défaut. Nous craignions énormément une rupture ou une diminution du lien avec nos donateurs, mais, en réalité, nous avons été extrêmement surpris du surcroît de générosité, provenant de donateurs très modestes, mais très fidèles ainsi que de mécènes et de philanthropes qui sont spontanément venus vers Apprentis d'Auteuil. Ils ont permis d'accompagner les établissements en équipements informatiques, en équipements de sport, en équipements pour des activités artistiques… y compris en masques et gel. Nous avons donc été très encouragés et c'est évidemment un signal très positif pour les jeunes comme pour les équipes. Nous avons senti que nous n'étions pas seuls.
Je dois dire que, si la relation avec le secrétariat d'État était au rendez-vous dès le départ, les mesures et les aides ont quand même beaucoup tardé. Les atermoiements nous ont causé de véritables difficultés, notamment sur les sites où se trouvaient à la fois des activités de protection de l'enfance, des activités scolaires, de la formation professionnelle et des dispositifs de remobilisation. Les directives étaient parfois contradictoires, par exemple entre les internats éducatifs et scolaires qui, au départ, n'avaient pas besoin de travailler avec masque tandis que le port du masque était obligatoire en protection de l'enfance et, finalement, c'est l'inverse qui a été décidé. Cela n'a pas été simple. Dans ce contexte, le soutien sans faille de nos donateurs et le financement des collectivités départementales ont été importants.
Sur la question des contrats d'apprentissage, nous sommes face à un vrai défi, à la fois pour les contrats d'apprentissage et pour les stages des jeunes en dispositif de remobilisation. Apprentis d'Auteuil était lauréat de deux plans d'investissement dans les compétences (PIC), Prépa Apprentissage et 100 % inclusion. Un certain nombre de petites et moyennes entreprises (PME) nous ont malheureusement dit qu'elles n'y arriveraient pas, qu'elles ne pourront plus accueillir les jeunes. C'est une vraie difficulté. La qualité du lien que les équipes d'Apprentis d'Auteuil tissent sur le terrain avec nos parties prenantes, en particulier avec les entreprises locales, fait que nous arrivons néanmoins, stage après stage, contrat après contrat, à grappiller des contrats et à éviter qu'un nombre trop important de jeunes ne se retrouvent sans solution.
Toutefois, nous constatons effectivement une vraie perte en ligne. Ces jeunes que la période de confinement a déjà démobilisés recommencent finalement à zéro, en particulier les jeunes les plus éloignés de l'emploi, les Not in education, employment or training (NEET). Il faut aller chercher ces jeunes un à un, là où ils sont, dans leur immeuble, quasiment dans l'appartement dans lequel ils vivent. Malgré les liens qui se sont créés par les groupes WhatsApp ou par les échanges téléphoniques, cette période a été vraiment préjudiciable.
Le soutien de l'État et les décisions qui seront prises pour renforcer de manière significative le soutien à l'apprentissage bénéficient prioritairement, comme c'est toujours le cas, à ceux qui sont déjà qualifiés, qui ont déjà un diplôme. Pour ceux qui sont les plus éloignés de l'emploi, cela reste un combat de tous les jours.