Un certain nombre de soins ont effectivement été différés, mais nous pouvons saluer la mise en place et les progrès de la téléconsultation. D'ailleurs, les effets positifs perdurent. La téléconsultation n'était pas un réflexe, les médecins n'étaient pas forcément équipés et ils se sont équipés. En Ile-de-France, les temps de trajet peuvent freiner ou mettre à mal des suivis, voire provoquer des discontinuités lorsqu'un jeune change d'établissement de protection de l'enfance. Finalement, l'utilisation des outils de télémédecine aura des conséquences favorables sur un certain nombre de suivis. Les médecins psychiatres, en tout cas les pédopsychiatres d'Ile-de-France que nous avons sollicités durant le confinement, ont globalement vraiment joué le jeu.
Les jeunes ont continué à se tordre les chevilles, à se casser la jambe. Pour une fois, nous passions très vite aux urgences. Toutefois, il faut un fort engagement des professionnels qui se retrouvaient, pendant le confinement, à devoir aller aux urgences. Vous imaginez leur stress ; cela mettait en exergue leur mission de service public. Malgré tout, l'accès aux soins était finalement plus rapide que d'habitude.
Pour les suivis au long cours de rééducation, d'orthophonie, les professionnels du soin se sont mobilisés pour nous transmettre un certain nombre d'exercices à faire, mais avec une grande hétérogénéité, qui se constate d'ailleurs dans énormément de corps de métiers. J'ai conscience que nous avons été bien lotis. Les équipes de psychologues des établissements ont joué un rôle majeur. Ils ont été capables de changer leurs pratiques et d'accentuer certaines activités, en particulier celles consistant à nous relayer dans la communication avec les professionnels du soin : cela fonctionne mieux de professionnel à professionnel.
Il a fallu aussi réorganiser les services de suivi au domicile des jeunes. Dans la plupart des établissements que je connais et dans le mien en particulier, où nous avons à la fois des jeunes de la protection de l'enfance qui ont bénéficié d'une autorisation exceptionnelle pour être confinés chez eux et des jeunes sous ordonnance de placement modulable pour lesquels les droits sont suffisamment élargis pour que la mesure puisse avoir lieu au domicile, le suivi a été fait majoritairement par téléphone avec des contacts quotidiens. Il a bien sûr parfois été nécessaire d'intervenir et nous avons dû gérer des hospitalisations par exemple. Dans ce cas, les professionnels se sont déplacés. Dès que cela a été possible, nous sommes retournés in situ vérifier le bien-être des enfants et les conditions matérielles.
Nous n'avons pas eu beaucoup plus de fugues que d'habitude, au plan national. Comme je vous le disais, les jeunes ont été responsables et ont globalement bien respecté le confinement.