Intervention de André Altmeyer

Réunion du jeudi 1er octobre 2020 à 8h45
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

André Altmeyer, directeur général adjoint :

Nous n'avons pas de statistiques sur les sorties sèches, mais nous avons également l'écho de nos directions d'établissement que les sorties sèches se multiplieraient. C'est pour nous un vrai motif d'inquiétude puisque cela réduit à néant tout le travail qui a été fait. Il est essentiel que, avant la sortie, le jeune ait pu se construire un réseau de relations pour ne pas se retrouver isolé.

Apprentis d'Auteuil publiera début octobre un baromètre de l'éducation. Nous avons confié l'étude à OpinionWay. Elle montre que l'inquiétude pour leurs études est repartie de manière extrêmement forte à la hausse chez les jeunes. Pour les jeunes les moins entourés familialement, les moins diplômés, cette inquiétude se justifie. Le parcours du combattant est terrible. L'ensemble des équipes d'Apprentis d'Auteuil travaille pour permettre à ces jeunes de ne pas rester avec ce sentiment que l'espoir n'est pas possible. C'est essentiel.

Il ne faut pas parler de l'outre-mer, mais des Outre-mer. Les réalités sont singulières et différentes. Nous sommes très actifs à Mayotte par exemple et la situation y est extrêmement compliquée, en raison de la promiscuité dans laquelle vivent 95 % des jeunes que nous accueillons et accompagnons, ainsi que du sous-équipement. Les cours à distance, le lien avec la famille sont très difficiles. Nos équipes se sont démenées jour et nuit, en lien avec la Croix-Rouge, pour distribuer des bons alimentaires. Elles sont également allées dans les familles, dans les bangas, pour donner des devoirs, des activités éducatives et ludiques. Toutefois, il n'a pas toujours été possible d'accéder aux familles et le niveau de formation des parents rend parfois l'accompagnement très difficile. Vous imaginez la satisfaction des jeunes lorsqu'ils ont su qu'ils pouvaient revenir dans nos établissements.

À la Martinique, des jeunes sont privés de scolarité depuis le mois de janvier dernier, du fait d'une grève locale dans l'Éducation nationale. La situation est extrêmement grave et le décrochage des jeunes est terrible.

En Guyane, nous avons eu à répondre à des situations d'urgence extrême par l'intermédiaire d'une maison des familles située sur place. Il a fallu se mobiliser pour des personnes qui souffraient de la faim, pour subvenir à des besoins immédiats. Il est compréhensible que les familles ne se soient pas préoccupées en priorité de la scolarité de leurs enfants, mais plutôt de leur donner de quoi survivre.

À l'île de La Réunion, les équipes ont été admirables. Elles se sont mobilisées et ont assuré des roulements pour vivre durant deux ou trois semaines avec les jeunes. Elles ont assuré un vrai suivi pédagogique à distance. Par contre, les équipes de protection de l'enfance se sont senties très seules par rapport à la collectivité départementale.

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