Intervention de Steven Beurel

Réunion du jeudi 1er octobre 2020 à 14h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Steven Beurel, directeur général de l'association Enfance et Pluriel :

Par rapport à la question du déconfinement et de l'école, je vous rappelle que pendant un mois et demi, l'école n'était pas obligatoire. Exprimée de la sorte, cette phrase est extrêmement choquante. Elle signifie que la responsabilité de la scolarité de leurs enfants était renvoyée aux parents. Il importe de rappeler que l'école est destinée à tous les enfants. Sur cette question, il est encore temps d'être présent. L'inclusion a été le parent pauvre de ce déconfinement, alors qu'il n'existait pas de lien de causalité particulier entre handicap et vulnérabilité de santé. C'est toujours l'occasion, dans la démarche de la relance, de soutenir l'emploi et les moyens de l'inclusion. La politique est ambitieuse, il faut la soutenir. Les AESH doivent être présents en renfort. Il s'agit d'une occasion unique de le faire. Je sais que les priorités sont nombreuses et que le moment est très compliqué sur le plan économique, mais c'est d'autant plus important que le coût sera ensuite élevé du fait de la perte des acquisitions individuelles et collectives.

Dans une hypothèse de reconfinement ou de risque majeur, il conviendra de ne pas emprunter un discours angoissant, mais de faire confiance, en partant du constat que les dégâts n'ont pas été importants dans les institutions, afin de structurer cette question du domicile, du soutien des familles et du maintien d'une qualité éducative thérapeutique et pédagogique. Il n'y a aucune raison que le niveau baisse. Il s'agit d'autoriser l'expérimentation et de lâcher prise sur la question de l'activité. Je parle en tant que directeur d'établissement. Nous savons ce que nous avons à faire ; on nous demande pourtant de consacrer un temps insensé à renseigner des tableaux, avec les actes réalisés ou non, à accomplir de multiples saisies au niveau régional et local. Bien évidemment, nous souhaitons rendre compte ; en tant qu'acteurs financés par l'argent public, c'est de notre devoir. Les moyens pourraient toutefois être mobilisés de façon plus pertinente.

Un vrai problème porte sur le domicile, en premier lieu le relayage, que je qualifierai de « trompe-l'œil » tant les contraintes, au-delà de celles liées au droit du travail, sont multiples.

Les départements n'autorisent pas tous les services à pratiquer le relayage ; certains y sont autorisés mais sont embolisés par la contingence du grand âge. Le recrutement de personnes spécifiques, devant s'accompagner de la prise en charge de leur formation, leur coûterait trop cher. Construire une coordination adossée à celle existante, c'est-à-dire au niveau de nos établissements et services médico-sociaux, est nécessaire.

Je refuse de séparer les IME et les SESSAD ; ils doivent travailler ensemble. Il importe de disposer d'un endroit ressources, qui structure les réponses selon les besoins de chacun. Il ne sera peut-être pas possible d'obtenir réponse à tout, mais au moins, la volonté d'individualiser et de regrouper toutes les offres domicile-inclusion-institution existera.

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