Pendant le confinement, la situation fut très difficile, tout simplement parce que l'enfant maltraité était au sein de la cellule familiale, où se déroulent 80 % des maltraitances. Très souvent, il n'avait plus d'adulte protecteur puisque nous savons qu'il le trouve aussi au sein de l'Éducation nationale, or les écoles étaient fermées.
Nous avons bien évidemment fait en sorte de répondre du mieux possible à tous les appels que nous recevions, mais surtout, nous sommes intervenus en renfort du 119, à la demande de Mme Blain et de M. Vigneron. Pour ce faire, nous avons constitué une équipe de seize écoutants référents bénévoles, qui, souvent, travaillaient depuis chez eux, ce qui était compliqué. Il s'avère en effet très difficile de recueillir une parole très dure au sein de son propre domicile, surtout lorsque l'on a soi-même des enfants. Je voudrais donc saluer et vraiment remercier l'équipe de l'Enfant bleu. Nous avons embauché une seconde standardiste, mais aussi une juriste supplémentaire, et avons recouru à des vacataires en renfort (psychologues et juristes) ; nous avons mis à disposition, grâce à un donateur, du matériel informatique et téléphonique, de façon à ce que, chez eux, nos bénévoles puissent avoir un numéro de téléphone approprié, et non pas leur numéro de téléphone portable personnel. Pour cela aussi, je voudrais vraiment remercier nos partenaires.
Je souhaite maintenant mettre en exergue un élément positif de cette crise : grâce à la campagne qui a été lancée par les différentes associations et l'État, les voisins ont pris conscience du rôle qu'ils avaient à jouer. J'insiste énormément là-dessus : les voisins ont réalisé qu'ils ne pouvaient demeurer silencieux. J'espère que cela continuera désormais, il est nécessaire d'écouter un peu ce qu'il se passe de l'autre côté du mur. Telle a d'ailleurs été l'une de nos campagnes.
Autre point très important, nous avons reçu beaucoup d'appels concernant des violences physiques et psychologiques, mais bien sûr, les violences sexuelles ne sont pas encore parvenues jusqu'à nous, parce que ce sont des violences silencieuses. Les voisins n'étaient donc pas à même de pouvoir nous alerter.
Nous avons mis en place un dispositif très innovant et allons travailler dessus avec M. Adrien Taquet et les différents ministères concernés : avec l'Enfant bleu et l'Association d'aide aux victimes d'abus sexuels (AAVAS), nous avons infiltré le jeu Fortnite et créé un petit avatar, qui s'appelait l'Enfant bleu. À travers ce jeu, les enfants pouvaient se signaler et dialoguer. Nous n'en avons fait aucune publicité, de façon à ce que les adultes ne se doutent de rien. De mémoire, je crois que 1 200 à 1 300 enfants se sont connectés. Bien sûr, tous n'étaient pas maltraités, mais nous avons constaté que dès qu'un influenceur parlait de notre avatar, immédiatement des connexions apparaissaient. Nous allons donc continuer à travailler sur ce sujet avec le ministre et ses services, avec les ministères de la Justice et de l'Intérieur et leurs services, afin que les normes juridiques et les règles de la CNIL soient respectées. Notre première réunion de travail se tiendra dans les quinze prochains jours, aux côtés d'AAVAS qui est à l'origine du projet.
Je ne reviendrai pas sur nos campagnes publicitaires, construites avec nos partenaires, ni sur les réseaux que nous avons déployés. Tel est l'état des lieux. Je vais maintenant laisser la parole aux autres associations et reviendrai ensuite sur ce qui mérite d'être encore amélioré.