S'agissant du 119, vous allez accueillir Mme Violette Blain ; moi-même étant vice-présidente du 119, je préfère lui laisser la parole. Je peux néanmoins déjà vous dire que nous avons enregistré une recrudescence d'appels des mineurs, notamment via la plateforme qui leur permettait un contact en ligne. Dans les jours qui ont suivi la période de sidération, l'engagement de nos associations et du secrétaire d'État a été immédiat. Le 119 a eu à s'organiser, en augmentant le nombre des écoutants. La Voix de l'enfant a fourni plus de 45 ordinateurs portables aux écoutants en télétravail, dans l'attente des fonds débloqués par l'administration. Mme Blain vous expliquera comment le 119 s'est organisé : tous les appels de mineurs passent en priorité ; immédiatement, le pré-accueil fait signe à un écoutant pour signaler la présence d'un mineur en ligne.
S'agissant ensuite de l'Éducation nationale, certes les écoles étaient fermées, mais certains enseignants ont heureusement été formidables : alors même qu'ils n'étaient pas dans leurs établissements, ils prenaient contact avec des enfants. Certains enfants ont cependant été complètement abandonnés. Pire encore, dans l'académie de Montpellier, une association a perdu son agrément : les consignes qui lui sont données s'avèrent telles qu'il lui est impossible de recueillir la parole d'un enfant. Je pourrai vous transmettre le courrier : si un enfant commence à parler, à révéler sa vie, sa souffrance ou autre, cette association doit immédiatement l'interrompre et lui dire de se tourner vers son enseignant. Comment voulez-vous qu'ensuite, l'enfant ait envie de parler ? Cette association vient certes d'obtenir son agrément à nouveau, mais si elle déroge à ces consignes, celui-ci lui sera retiré définitivement. Or je pense qu'elle n'est pas la seule. Nous sommes en train de faire le tour de nos associations. Ce n'est pas acceptable.
Les enseignants doivent aujourd'hui faire face au Covid et n'ont aucune possibilité d'effectuer du repérage. Je vous enverrai également la fiche réflexe financée par la direction générale de la cohésion sociale (DGCS), sur laquelle les enseignants disposent des informations minimales pour repérer et surtout, contacter les numéros dédiés. Le rôle de l'Éducation nationale est donc important, mais elle n'est seule : il faut que dans tous les établissements sportifs, le 119 soit affiché, mais pas dans un placard à balais comme nous avons pu le voir dans un club sportif et dans un établissement scolaire. Il doit être aussi visible que les consignes de l'école et à la limite, je me demande si nous ne pourrons pas, par la suite, demander à ce que le 119 soit inscrit dans tous les carnets scolaires. En effet, l'enfant tient tous les jours son carnet scolaire en main.
Je voudrais ensuite rendre hommage à tous les enseignants qui ont accepté d'ouvrir des classes pour les enfants de soignants et autres professions, et accueilli plusieurs milliers d'élèves pendant la période. En effet, certains enfants ont été complètement confinés, c'est pourquoi en termes de prévention, il conviendra, selon moi, de prévoir que les associations de quartier puissent demeurer ouvertes. Il a fallu que nous allions à Épinal pour faire fabriquer des masques en tissu afin que nos équipes soient quand même protégées, mais leurs locaux ne pouvaient être ouverts. Nous effectuions donc les distributions de repas en extérieur. C'est pourquoi, si une nouvelle crise venait à survenir, il faudrait qu'en prenant un maximum de mesures de protection sanitaires, nos associations puissent travailler et accueillir ces enfants et leurs familles.