Il serait malhonnête de ma part de prétendre en connaître les raisons. Nous nous sommes constitués parties civiles dès l'ouverture des instructions, afin d'essayer de comprendre. Il s'agit essentiellement de bébés (moins de 3 ans), dont un a été jeté par la fenêtre ; d'autres sont décédés sous les coups, soit des situations absolument dramatiques. S'agit-il de compensations ? Nous ne le savons pas. Au cours de l'instruction, les expertises nous permettront de comprendre ce qui a pu amener un père ou une mère à porter de tels actes sur son enfant. Pour le moment, nous ne disposons pas encore de suffisamment d'informations.
Il est en revanche certain qu'actuellement, il ne s'écoule pas de semaine sans révélations de violences, d'informations préoccupantes ou de signalements dans les CRIP. J'étais récemment aux côtés de la responsable d'unité d'Orléans, qui accueillait une petite fille. Personne n'avait vu qu'elle était couverte de bleus ; ce n'est qu'en la déshabillant, à l'unité d'accueil, que l'on s'en est aperçu. Nul ne pouvait frôler cette petite tellement elle était en souffrance. Or elle ne disait pas sa souffrance.
Un important travail de visite doit donc être mené, avec l'aide de l'Éducation nationale et de la médecine scolaire, mais nous allons de nouveau être confrontés à l'absence d'infirmier et de médecin scolaire. Après le confinement et durant la période de crise sanitaire, il faut absolument que l'Éducation nationale renforce la médecine scolaire. En effet, si l'on déshabille certains enfants, nous nous apercevrons de leur grande souffrance.