J'ai souligné que le nombre d'enfants tués pendant le confinement a été moindre qu'à d'autres périodes, mais je n'ai pas dit que les violences avaient décru. Les forces de l'ordre sont simplement intervenues beaucoup plus rapidement.
En ce qui concerne les appels au 119 et leurs renvois vers les CRIP, Mme Blain sera tout à fait à même de vous répondre, parce que l'Observatoire national de protection de l'enfant (ONPE) a déjà mené une étude sur ces questions.
Les unités d'accueil travaillent de façon pluridisciplinaire : elles partent du procureur et associent l'hôpital, les médecins et les enquêteurs. Je tiens d'ailleurs à souligner que moins de 25 % des enfants sont auditionnés par des policiers. Le secrétaire d'État en est informé. Nous faisons en effet face à un refus de la police de se rendre dans les unités d'accueil, ce qui constitue un véritable problème. En effet, en tant que partie civile, nous constatons la différence entre une audition menée par un gendarme, ou même par un policier, au sein d'une unité d'accueil et ce qui se passe dans un commissariat de police. Il n'est pas acceptable que l'on continue à amener des enfants dans un commissariat de police ou dans une gendarmerie, au milieu de quantité d'autres personnes mises en cause. Je tiens quand même à le souligner, car cela ne nous permet pas de faire de la prévention.
Dernièrement, une petite de 4 ans a parlé à quelqu'un qui lui était proche, mais quand elle est arrivée au commissariat de police, elle a refusé de parler, malgré la présence de peluches. Sachez qu'aujourd'hui, la police est en train d'échanger ses peluches contre des chiens : nous avons en effet eu la bonne unité d'introduire un chien dans une unité d'accueil, mais dans le cadre d'un programme préparé pendant quinze mois, et désormais, on nous annonce qu'il y aura des chiens dans tous les commissariats de police ! Il va falloir que nous réagissions.
Nous pensons que les unités d'accueil peuvent constituer un bon outil de prévention parce qu'elles emportent une formation déclinée à deux niveaux : la formation concerne d'abord les intervenants au sein des unités, puis ces formateurs vont vers le milieu social, éducatif et sportif, au niveau local. Il ne faut plus que les formations arrivent de Paris. Nous formons localement, au sein des unités d'accueil, les médecins, les magistrats, les enquêteurs et autres, puis ils partent à la rencontre des enseignants. En premier lieu, ils apprennent à se connaître, car la prévention s'entend aussi en termes de réseautage. Les unités constituent donc, pour nous, l'un des outils de la prévention, parce qu'elles apportent de la formation et de l'information.
Enfin, sachant que les familles passent beaucoup de temps devant les écrans, une vraie mobilisation des chaînes, mais aussi des réseaux que fréquentent les jeunes, s'avère nécessaire autour du 119.