En évoquant la question des enfants aidants, vous levez le voile sur un sujet qui n'est absolument pas pris en compte aujourd'hui et s'avère peut-être en partie nouveau, du fait de l'augmentation de la prévalence de certains handicaps. Certains enfants se retrouvent en situation de devoir accompagner leurs frères et sœurs handicapés. Je connais bien ce sujet puisque je préside par ailleurs une association du champ de l'autisme, or je constate que si les psychologues commencent à s'y intéresser, au regard des souffrances de la fratrie, nous n'avons pas encore mesuré tous les enjeux de ce sujet. Il mériterait donc d'être davantage creusé.
En ce qui concerne l'accompagnement des parents, je parle de parents en réelles difficultés qui malheureusement, correspondent à ceux qui composent l'audience de l'émission Super Nanny. Ils sont complètement désœuvrés et en incapacité d'assumer leur rôle éducatif. Je précise que nous avons déjà alerté TF1 sur l'image des enfants et le droit de l'enfant à gérer sa propre image, qui à notre sens, n'est pas toujours respecté dans cette émission, même si les conseils de Super Nanny sont bienveillants. Cependant, il n'existe pas encore, en France, suffisamment de dispositifs de formation évalués pour les parents en situation d'incapacité éducative. C'est pourquoi nous accompagnons la fondation Le Prado, implantée à Lyon, et plus particulièrement son programme inspiré d'un programme canadien et appelé « Ces années incroyables », dont les évaluations ont mis en exergue la grande efficacité. En France, ce programme sera évalué par le CNRS, à l'occasion de l'expérimentation du Prado. Nous finançons donc le développement de cette expérimentation. Elle avait d'ailleurs déjà été repérée en 2010 ou 2011, dans le rapport du Centre d'analyse stratégique relatif aux aides à la parentalité qui fonctionnent bien à travers le monde.
Enfin, s'agissant des parents qui se trouvent peut-être dans une moindre difficulté, mais ont quand même du mal à trouver le temps de respirer, je pense à deux lieux qui ne sont pas suffisamment impliqués actuellement, à savoir les crèches, car les difficultés éducatives peuvent être très précoces, et les entreprises, où l'on peut créer des temps de respiration, de parole et d'échanges entre parents sur ces sujets. Dès lors que l'on commence à en parler, on commence à réfléchir et la respiration arrive assez vite.