Intervention de Violaine Blain

Réunion du jeudi 8 octobre 2020 à 10h30
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Violaine Blain, directrice générale du Groupement d'intérêt public Enfance en danger (GIPED) :

Je jure de dire la vérité lors cette audition.

En préambule, je vous remercie pour cette invitation. Je tenais à excuser Mme Michèle Berthy, présidente du GIPED, retenue par ses obligations de vice-présidente du conseil départemental du Val d'Oise.

Je vais asseoir mes propos de ce matin sur des travaux qui s'appuient à la fois sur l'expérience des services (et plus particulièrement du numéro national de l'enfance en danger, le 119) durant la période du confinement et même au-delà, et sur l'initiative prise par l'ONPE dès le début du confinement : il fallait en effet récolter des connaissances et étudier cette période inédite, s'agissant notamment des enfants confiés aux services de protection de l'enfance. L'ONPE a donc d'emblée engagé un travail qui constitue désormais un retour sur expérience. Il a fait l'objet d'une première publication en mai 2020 et un deuxième rapport, qui viendra la compléter, devrait paraître d'ici la fin de l'année, l'objectif étant notamment d'élargir le cercle des acteurs qui dans la première publication, n'avaient pu être interrogés (magistrats, directeurs territoriaux de la protection judiciaire de la jeunesse…).

Cette période a été particulièrement complexe à traiter, parce qu'il s'est agi de mettre en place, en très peu de temps, l'organisation à distance d'un service qui existe depuis près de trente ans. En effet, le SNATED a dû, d'une manière extrêmement rapide, réorganiser son service qui fonctionne 24 heures sur 24, sept jours sur sept et s'avère, en principe, localisé à Paris. En l'espèce, lorsque le confinement a été décidé, nous faisions face à un énorme problème technique : les écoutants n'étaient pas dotés de matériel nomade permettant la mise en place de la continuité du service. Dans un réel élan de solidarité, les professionnels ont été réunis et ont accepté d'organiser la prise des appels à domicile, sur la base de leur matériel personnel, soit un téléphone portable et un ordinateur portable personnel, sachant qu'il existe une nécessité de traçage des appels pour ouvrir des dossiers susceptibles d'être transmis au département, au travers de fiches d'informations préoccupantes.

En outre, nous avons dû réaménager complètement nos procédures de travail pour permettre l'accueil des appels, qui ont été massifs puisque plus de 56 % d'appels entrants supplémentaires ont été enregistrés pendant la période du confinement. Cette augmentation était en partie liée à d'importantes campagnes de communication. Les écoutants ont donc dû à la fois s'adapter à une nouvelle organisation de travail et à une hausse de leur activité.

De plus, un important travail d'articulation entre le 119 et les Cellules de recueil d'informations préoccupantes (CRIP), soit les services opérationnels en charge du recueil des situations d'enfants en danger ou en risque de l'être, dans les départements, a immédiatement été initié, afin de s'assurer que les appels transmis seraient accueillis et traités et donc, que les enfants seraient protégés.

Enfin, il était essentiel pour nous de comprendre comment le dispositif français de protection de l'enfance avait été impacté et avait dû s'adapter à cette crise. C'est pourquoi, dès les premiers jours du confinement, l'ONPE a activé des contacts avec les directeurs Enfance Famille, en charge de la mission de protection de l'enfance dans les départements. Or il est très rapidement devenu nécessaire de soutenir ces professionnels, assez isolés du fait d'une très forte charge de travail. Il était donc important de pouvoir travailler en réseau, avec eux et auprès d'eux, en lien avec d'autres acteurs, afin d'accompagner la pensée et la réflexion dans une période de crise qui faisait la part belle à l'immédiateté.

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