Intervention de Violaine Blain

Réunion du jeudi 8 octobre 2020 à 10h30
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Violaine Blain, directrice générale du Groupement d'intérêt public Enfance en danger (GIPED) :

En temps normal, les enfants en difficulté du fait de violences physiques ou psychologiques adoptent des stratégies de contournement et à ce titre, recherchent des relais à l'extérieur (école, amis, clubs de sport, associations). Ces relais représentent des formes de soupape pour eux, des lieux où ils se posent face à des climats familiaux extrêmement tendus et compliqués à supporter.

Pendant toute la période de confinement, les appels ont porté sur des situations d'enfants qui pour certains, présentaient des symptômes dépressifs, notamment en raison de la perte des repères de leurs routines habituelles. Il pouvait aussi s'agir d'enfants qui vivaient très mal le discours initial porté sur eux en tant que vecteurs de maladie, voire de mort pour leurs grands-parents. Ces discours qui les présentaient comme de mauvais objets ont été très impactants. Ensuite, nous avons également eu affaire à des enfants qui exprimaient des situations de violences réelles.

Nous avons toutefois pu noter que finalement, la diversité des contenus d'appels n'a que peu évolué : les appels signalant des violences psychologiques ont certes légèrement augmenté, mais les campagnes de communication avaient beaucoup incité les voisins à appeler ; or les écoutants critérisent ce type d'appels dans les violences psychologiques. Les appels pour violences physiques sont restés à peu près au même niveau. Les appels en lien avec des violences sexuelles et des négligences ont quant à eux diminué. En effet, le 119 n'est pas un numéro de téléphone auprès duquel la question des violences sexuelles est fréquemment exposée : ces appels représentent 6,5 % des appels que nous recevons et là, nous sommes tombés à 4 % environ, d'autant que dans la promiscuité du confinement, il s'avérait encore plus difficile de libérer la parole sur ces questions-là. Ces situations devraient se révéler maintenant, au travers d'un certain nombre d'acteurs tels que les unités d'accueil médico-judiciaires pédiatriques et les écoles. Quant aux négligences, elles sont souvent repérées par l'entourage extérieur, lorsque l'enfant évoque un manque autour de ses besoins fondamentaux (nourriture, vêtements adaptés) ; or là, nous n'avions pas d'observateurs extérieurs permettant de capter ce type de situation.

S'agissant ensuite des appels des adultes, je tiens à souligner l'augmentation du nombre d'appels des voisins de 10 à 16 %, sous l'effet pédagogique des campagnes de communication qui incitaient les voisins à s'inscrire dans une posture citoyenne de protection que tout un chacun doit aux enfants dans une société digne de ce nom. Ces appels nous ont permis de constater que quand les communications sont précises, elles sont efficaces, mais ils ont aussi conforté l'un de nos constats estivaux : ainsi, chaque été, les voisins appellent davantage qu'en temps normal, tout simplement parce que les uns et les autres se côtoient beaucoup plus en période de congé, et parce que les fenêtres sont ouvertes.

Pendant la période du confinement, nous avons transmis quelque 30 % d'informations préoccupantes supplémentaires aux départements. Les situations s'avéraient très hétérogènes.

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