Il s'agit par exemple d'enfants qui exprimaient déjà, avant le confinement, des faits soit de maltraitance, soit de détresse psychologique, qui se sentaient stigmatisés et isolés dans leur famille, qui témoignaient d'un certain abandon au sein de leur famille et donc, d'une non-prise en compte de leurs besoins. Souvent, ces enfants trouvent, par le biais des assistantes sociales scolaires ou des infirmières scolaires, un lieu pour exprimer leurs difficultés qui en général, débouchent sur des problèmes scolaires. Comme le rapport de l'ONPE le confirme, je tenais également à souligner que le service social scolaire a largement accompagné, pendant le confinement, des élèves en difficulté scolaire, qui présentaient de vrais signaux de décrochage scolaire, voire étaient complètement absents (ils font partie des 8-10 % d'élèves qui ont complètement décroché au niveau scolaire pendant le confinement) et voulait donc alerter sur la nécessaire vigilance à avoir. C'était une façon de coordonner l'action autour de ces enfants-là.
Parmi les informations préoccupantes, nous avons fait face à un nombre très important de situations que nous avons qualifiées d'urgentes, car elles nécessitaient pour nous une transmission en urgence aux départements, voire une intervention en urgence des services de police ou de gendarmerie. Nous avons ainsi constaté une hausse de 113 % des appels aux services de première urgence. Au regard de l'âge de l'enfant, du type de violences vécues, du contexte et notamment de la question de l'isolement, les écoutants ont identifié des cas de violences physiques avérées graves, d'enfants tenant des propos suicidaires ou parlant de fugues (assez peu nombreuses pendant le confinement) ou encore de jeunes enfants en situation de négligence ou de maltraitance grave. Des coups étaient portés, mais aussi des paroles consistant par exemple à dire que l'enfant va être jeté par la fenêtre parce qu'il devient insupportable. Alors les écoutants contactaient immédiatement les services de police et de gendarmerie, selon un protocole élaboré avec le ministère de l'Intérieur, afin qu'une patrouille puisse se déplacer au domicile.
Or au titre de ces situations-là, nous avons pu, pendant le confinement, dresser un bilan très positif de la coordination des services autour de la question de l'urgence. En effet, la réaction doit être immédiate, c'est-à-dire dans l'heure, et dans ces cas-là, nous avons toujours un retour des services de police et de gendarmerie qui nous informent de leur présence sur place et de la mise sous protection de l'enfant. Par la suite, le département nous confirme très souvent que l'enfant est bénéficiaire d'une mesure de placement provisoire, de la part du procureur de la République. La chaîne des acteurs de l'urgence (119, services de police et de gendarmerie, procureur de la République, CRIP et services sociaux de secteur) s'est donc réalisée d'une manière vraiment efficace.